Au travail !
Le rappel à l'ordre musclé que l'Union européenne vient d'adresser (lire le document) au gouvernement français est un évènement considérable. Le Conseil européen a accordé à la France un délai supplémentaire (2015) pour ramener notre déficit public en-dessous de 3% du PIB. Mais nos alliés européens ne veulent pas que nous utilisions ce délai supplémentaire pour nous adonner une fois de plus à notre péché mignon : la hausse des dépenses publiques.
Nous sommes donc littéralement placés sous contrôle, non celui de la Commission comme on le dit trop souvent à tort, mais du Conseil européen, c'est-à-dire de tous les autres pays de l'Union et singulièrement ceux de la zone euro. Notre orgueil national dût-il en souffrir, cette montée en pression européenne est sans doute la seule chose qui pourra nous contraindre à réaliser les réformes que tous les autres ont déjà accomplies, fût-ce en mettant ça sur le dos des "technocrates bruxellois" (ce ne sont pourtant ni Bruxelles ni Berlin qui sont responsables de notre situation, mais bien nous-mêmes..).
La liste des recommandations de l'UE est édifiante et tout y passe : les recettes exceptionnelles devront être exclusivement consacrées à la réduction des déficits. Les régimes de retraite doivent être mis en ordre de marche, y compris les régimes spéciaux. Le mille-feuille administratif français doit être rationalisé et ses dépenses réduites. Le coût du travail doit diminuer pour améliorer la compétitivité des entreprises. La hausse de la fiscalité et des prélèvements obligatoires doit être interrompue. L'Etat doit réduire ses dépenses de fonctionnement, etc... Rien que nous ne sachions déjà donc.
François Hollande peut bien tenter un ultime coup de menton à usage interne en disant que "Bruxelles n'a pas à nous dicter ce que nous avons à faire". Non seulement nos homologues européens peuvent le faire, mais ils vont le faire puisque c'est leur job et l'intérêt commun. Nous avons intérêt à nous y mettre sérieusement et tout de suite, avant de perdre définitivement nos marges d'autonomie et de devoir accepter des réformes qui mettraient à mal notre organisation nationale. C'est à force de ne rien faire que nous finirons pas perdre notre souveraineté et pas l'inverse. Au gouvernement français donc et à la classe politique dans son ensemble de se concentrer sur les réformes essentielles à mener.
A ce sujet, Jean-Louis Borloo présentait il y a quelques jours au nom de l'UDI une dizaine de réformes indispensables (voir ces propositions) qui pourraient faire l'objet d'un quasi-consensus national. Comme d'habitude, le microcosme parisien a méprisé ces propositions centristes, en ne voulant y voir que je-ne-sais-quelle manoeuvre. Au lendemain de la publication des recommandations de l'UE, il se pourrait qu'on reparle rapidement des propositions de l'UDI...