Chroniques d'Afrique (8)
Trois cartes pour regarder l'Afrique autrement.
La France en Afrique
Regardez bien la carte ci-contre récemment publiée par Le Monde : les cercles symbolisent le PIB des différents pays d'Afrique. Plus ils sont clairs et moins la France y est présente ; plus ils sont sombres, et plus la France y est présente. Conclusion visuelle immédiate : nous sommes présents dans les plus petites économies d'Afrique et largement absents des plus grandes, qui sont aussi celles qui connaissent la plus forte croissance.
La prise de conscience de cette aberration s'est faite depuis longtemps déjà, sous la présidence de Jacques Chirac et n'a cessé de prospérer doucement depuis. Le récent voyage de François Hollande en Afrique du Sud relevait d'ailleurs de cette idée. Mais les habitudes et les réseaux ont la vie dure. On espère au moins que le prochain sommet Afrique de l'Elysée du 5 décembre sera l'occasion d'affirmer une stratégie plus offensive de la France sur tout le continent. C'est en tout cas ce qu'on nous promet.
L'esclavage en Afrique
Troublant palmarès que celui publié récemment par la Fondation "Walk Free" sur l'esclavage moderne : qu'il s'agisse d'esclavage réel, de mariages forcés ou encore d'asservissement par la dette, cette fondation a établit un "palmarès" des pays où ces pratiques subsistent.
Dans ce triste top 10 qui, à lui seul, représenterait 75% de l'esclavage dans le monde, la Mauritanie figure en 1ère place, aux côtés du Bénin, de la Côte d'Ivoire ou du Gabon, ainsi que divers pays asiatiques. Entre traditions ancestrales maintenues, séquelles des guerres et affrontements mafieux, l'Afrique détient un triste privilège qui mobilise l'action de cette fondation. Où l'on voit que le développement n'est pas seulement affaire de gros sous.
La Libye, deux après
Rudes lendemains pour les "printemps arabes", notamment en Libye. Deux ans après la mort de Khadafi, le chaos règne à peu près partout dans le pays, faisant fuir entreprises internationales et représentants consulaires et, avec eux, les plus sérieux espoirs de reconstruction rapide. Le gouvernement officiel, malgré tous ses efforts, demeure débordé par les milices largement équipées par leurs prises de guerre dans l'arsenal de l'ancien état. Celles-ci pilotent tous les trafics (drogue, armes, émigration) au service de vieilles rivalités tribales ou familiales.
Le gouvernement libyen a bien essayé "d'acheter la paix" civile mais dès que les primes distribuées s'interrompent, les bénéficiaires s'en prennent à l'Etat, aux sites pétroliers ou aux représentants diplomatiques.
Egypte, Libye, Tunisie : le nord de l'Afrique est entré dans une période de hoquets qui va durer et toucher les pays limitrophes : comment ne pas voir le lien avec l'assassinat des deux journalistes français de RFI aux confins du Mali, de l'Algérie et du Niger ?