Cumul des mandats
J’ai souri dimanche dernier lorsque j’ai trouvé, sur le pare-brise de ma voiture, à la sortie du marché du Pin, le tract de l’association Agen demain d’Alain Veyret, tombant « à bras raccourcis »
sur le cumul des mandats de Jean Dionis.
J’ai souri parce ceux-là même qui dénoncent ce cumul le justifiaient hier, lorsqu’il concernait leur « champion » du moment. Vieille rhétorique pré et post-électorale qui passionne davantage, je
crois, les auteurs de ces textes plutôt que les lecteurs…
Et pourtant : il y a là une vraie question, à laquelle je suis sensible, celle de la concentration des pouvoirs entre les mêmes mains.
Que peut-on en dire, sans tomber dans la caricature ?
Le cumul est une pratique fréquente, pour ne pas dire universelle en France
Cette quasi-généralisation doit faire réfléchir : toutes celles et tous ceux qui s’y adonnent ne sont pas tous des assoiffés de pouvoir ! Il y en a sans doute mais pour l’essentiel, l’explication est ailleurs.
Certes, on voit apparaître, peu nombreux encore, des élus de droite et de gauche, qui font le choix d’une autolimitation : Alain Juppé à Bordeaux, Ségolène Royal en Poitou-Charentes ou Martine Aubry dans le Nord. Et bien d’autres élus encore, moins connus.
Il y a là sans doute un signe de changement des mentalités.
Le cumul traduit la qualité de ceux qui l’exercent
On a toujours tort de prendre les électeurs pour des imbéciles : si, à Agen, Guy Saint-Martin et Gilbert Fongaro par exemple sont ou ont été, et depuis longtemps, de grands « cumulards », c’est d’abord parce que leurs électeurs respectifs l’ont souhaité et leur ont accordé leur confiance, souvent massivement.
Il n’y a pas de hasard : celles et ceux qui cumulent plusieurs mandats sont d’abord de gros travailleurs, des élus qui s’adonnent avec passion et générosité au service des autres.
Le cumul, dans la France jacobine, est un gage d’efficacité
Le déblocage de la rocade Beauregard-RD813, la relance de la liaison Agen-Villeneuve, la vente de l’immeuble SERNAM, le co-financement de l’Etat du Parc de Passeligne, et bien d’autres projets que je ne peux pas encore évoquer ici ont un point commun : ils ont été débloqués par la grâce du travail et du cumul du maire-président-député d’Agen dont le carnet d’adresses et la notoriété à Paris et Bordeaux sont sollicités tous les jours pour notre plus grand bénéfice.
Qui peut croire qu’avec nos 35 000 habitants, nous bénéficierions sans cela de la même qualité d’écoute à Paris ?
On pourrait rêver d’un travail en réseau entre trois élus différents ? Certes, mais l’expérience montre que les choses ne se passent pas toujours comme ça, loin de là.
Le cumul dit aussi la rareté de l’engagement public
Je ne sais pas pour vous : mais moi, je ne suis pas candidat pour devenir Maire d’Agen, ni même Député. En clair, je ne suis pas prêt, à 47 ans, avec mes 3 enfants encore jeunes, à lâcher mon métier –et ma source de revenu- pour embrasser à pleine bouche une carrière publique.
Et vous ? Vous laisseriez tomber votre job, votre commerce, votre entreprise, sans parler des concessions sur l’agenda familial et personnel, pour un mandat de 6 ans, sans savoir ce qu’il advient de vous après ?
En vérité, l’engagement dans la vie publique, sauf à être riche, fonctionnaire ou retraité (et je ne suis aucun des trois), est un engagement lourd et parmi les contraintes qui pèsent sur lui, la disponibilité est une question première : alors, lorsqu’une personnalité jeune, motivée, performante et disponible s’engage, il n’est pas rare -et il n’est pas surprenant- que s’amoncellent sur sa tête les responsabilités.
Quand on a, comme Jean Dionis à Agen, la chance que cette personnalité se donne à fond, c’est un pur bonheur.
Tout cela ne fait pas de moi, loin de là, un défenseur acharné du cumul des mandats. Mais à y regarder de près, il n'est pas aussi condamnable que les tracts faciles veulent le faire croire.
Voilà pourquoi le tract d’Agen demain m’a fait sourire : c’est de bonne guerre, mais ça ne mène pas loin. Propos post-régionales… sur un sujet qui mériterait un peu mieux.