Débat : jour J

Publié le par Bernard LUSSET

Nous y sommes ! 

 

A 4 jours du second tour, le débat de ce soir devrait être suivi, nous dit-on, par plus de 20 millions de Français. C'est dire si cette confrontation entre F. Hollande et N. Sarkozy intéresse les électeurs. Il faut dire que le spectacle n'est pas commun :

 

D'un côté François Hollande, le rescapé

 

Qui aurait misé un euro sur sa candidature il y a un an, avant le dérapage de DSK au Sofitel de New York ? De tous les candidats socialistes à la primaire, François Hollande était, avec Manuel Valls, le seul candidat n'ayant aucune expérience gouvernementale. Son seul fait d'armes est d'avoir dirigé le PS : Martine Aubry n'a d'ailleurs pas eu de mots assez durs pour dire l'état de délabrement dans lequel elle a trouvé le parti à son arrivée...

 

Mais les capacités réthoriques, l'art de la synthèse et la souplesse d'échine de François Hollande lui auront permis d'être aujourd'hui le favori des sondages : toutes les enquêtes d'opinion depuis six mois -toutes !- le donnent gagnant dimanche.

 

De l'autre Nicolas Sarkozy, le challenger

 

Aussi bizarre que cela puisse paraître pour un Président sortant, il est le challenger dans cette compétition. Lui conteste-t-on sa capacité d'agir ? Lui reproche-t-on un manque d'énergie communicative ? N'a-t-il pas restauré la présence de la France sur la scène internationale ? S'est-il rendu coupable d'erreurs graves de gestion ? Rien de tout ça !

 

Mais son expression publique, son mode de gouvernance, ce côté "droite décomplexée et désinhibée" a suscité dans l'opinion une réaction paroxystique, au point de transformer cette élection présidentielle en "référendum anti-Sarkozy" ! Même moi qui n'ai pas tout aimé, loin s'en faut, de ces 5 années de présidence, je suis étonné de voir à quel point cette campagne tourne le dos aux vraies questions, aux vrais enjeux du scrutin de dimanche.

 

N. Sarkozy  tentera sans doute ce soir de remettre le débat au niveau qui devrait être le sien : projet contre projet. Pas sûr qu'il y parvienne : les défilés syndicaux du 1er mai, à Agen comme ailleurs, en disaient long hier sur l'état d'esprit des manifestants : "mieux vaut être dans l'opposition d'un gouvernement de gauche que dans l'opposition à un gouvernement de droite" entendait-on ici ou là. Quand la désillusion s'empare -déjà- de ceux qui, dimanche, vont voter Hollande... Ca promet des lendemains qui déchantent !

 

Un débat sans enjeu ?

 

A entendre les commentateurs, un débat n'a jamais modifié un rapport de force électoral, à la seule exception du débat Giscard-Mitterrand de 1974. Celui de ce soir ne devrait donc pas bouleverser les pronostics ? En tout cas, nul n'escompte un KO : Sarkozy est plutôt très bon dans ce genre d'exercice et Hollande... pas mauvais, dans un autre style qui consiste à dire le moins de choses possibles.

 

D'ailleurs, Hollande me fait penser, ces dernières semaines, à une équipe de rugby qui mènerait au score de 2 points et qui jouerait dans ses 22 ; le mot d'ordre qui domine tout est : "pas de faute !". L'habileté de l'homme est suffisante pour lui avoir permis de tenir comme ça depuis des semaines : pas sûr qu'il flanche ce soir, même s'il ne faut pas l'exclure...

 

Voilà pourquoi nous serons plus de 20 millions ce soir devant nos écrans de télévision : 20 millions d'arbitres à guetter le hors jeu ou la faute de placage devant les poteaux qui pourraient, s'ils se réalisent, changer le cours du match...

 

 

Publié dans on en parle partout

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