DSK : le cauchemar ?

Publié le par Bernard LUSSET

"Ces derniers mois ont été un cauchemar pour ma famille et moi. Je remercie tous les amis en France et aux Etats-Unis qui ont cru en mon innocence, et les milliers de personnes qui nous ont apporté leur soutien, personnellement ou par écrit. Je suis particulièrement reconnaissant envers ma femme et ma famille qui ont traversé cette épreuve à mes côtés".
"Nous souhaitons également exprimer notre reconnaissance au juge Obus et à son équipe, et plus particulièrement à toutes les personnes travaillant dans ce tribunal qui ont fait tant d'efforts pour nous protéger ma femme et moi à chaque fois que nous sommes venus ici".

 

Tel est le texte du communiqué publié par Dominique Strauss Khan, quelques minutes après avoir appris du juge Obus l’abandon des poursuites pénales à son encontre.

 

 

Dans cette « affaire DSK », je me suis abstenu de toute déclaration enflammée depuis le début. Tout juste ai-je écrit ici (chronique « Catharsis ? » du 30/05/2011) que cette affaire permettait de révéler au grand jour un aspect de la personnalité de DSK que les milieux parisiens connaissaient depuis longtemps et qui le rend à mes yeux indigne d’exercer une responsabilité politique.

 

Le communiqué publié hier évoque le « cauchemar » vécu par DSK et sa famille.

Je comprends volontiers le cauchemar vécu par l’épouse, les enfants et les proches. Je suis en revanche plus circonspect sur DSK lui-même :

 

Cauchemar ?

  • Sans doute les semaines qui viennent de s’écouler lui ont-elles imposé un changement désagréable de mode de vie (même si l’argent lui a permis de maintenir un niveau et un confort de vie très supérieurs à ce que connaît le commun des mortels...).
  • Sans doute DSK rêvait-il d’une sortie plus honorable de ses fonctions à la tête du FMI, où ses qualités professionnelles étaient d'ailleurs unanimement saluées.
  • Sans doute cette affaire a-t-elle brutalement interrompu les ambitions élyséennes de celui qui était alors donné pour favori, souvenez-vous, dans la compétition de 2012.
  • Sans doute garderons-nous longtemps en tête cette vision d’un DSK menotté, mal rasé, fatigué, amené entre deux policiers devant le juge chargé de statuer sur son sort : l’image en a pris un sacré coup.
  • Sans doute DSK aurait-il préféré que son addiction sexuelle demeurât un secret germanopratin, au lieu que personnels de bord de compagnies aériennes, collaboratrices diverses, journalistes et même élues se soient libérées, depuis, de témoignages sinon accablants, du moins troublants.

Tout ça constitue sûrement, à n’en pas douter, un « cauchemar » pour D. Strauss Kahn.

 

Juste compassion

 

Mais il me semble qu’une juste compassion ne doit pas nous faire oublier trois choses :

  • Le sentiment d'impunité et de toute puissance ainsi que la dépendance sexuelle maladive de DSK sont à l’origine de toute cette affaire. Autant dire qu'il est le premier responsable de tout ça, son parcours personnel rendant crédibles, hélas, les faits qui lui étaient reprochés.
  • Contrairement à ce qu’il prétend dans son communiqué, DSK n’a pas été « innocenté » dans cette affaire : dans cette forme US de « non lieu », l’entraîneur (le District Attorney) a jugé son équipe plus faible que l’adversaire et a préféré ne pas jouer le match qui est donc, «techniquement» perdu. Pas vraiment une absolution de DSK ni un certificat de vérité…  
  • Même si la femme de chambre a modifié son témoignage à plusieurs reprises, même si son parcours personnel comporte des zones d’ombre, y compris sur ses conditions d’entrée sur le territoire américain, il n’en reste pas moins qu’on s’interroge sur les raisons pour lesquelles cette jeune femme aurait «succombé» spontanément aux charmes de DSK pour engager une relation à la fois consentie, fugace et mouvementée… ?! Faut-il comprendre qu'il suffirait qu’une femme ait menti pour qu’elle puisse devenir la victime indéfendable d’un viol ? Effrayante justice américaine…

Cauchemar ? Oui, sans doute mais pas que pour DSK.

Gigantesque gâchis, certainement.

Pitoyable spectacle mondial digne d'un feuilleton de série B : c'est sûr.

 

J'espère au moins que Dominique Strauss Khan saura conserver, une fois de retour en France, la ligne de discrétion et de modestie que ses avocats new-yorkais sont parvenus à lui imposer jusque là.

 

Mais ça, c'est pas sûr...

Publié dans on en parle partout

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