Emballements
- Il y a 8 jours, le XV de France était nul et son entraineur ne valait pas tripette... Depuis samedi et le beau match face aux Anglais, voilà qu'on reparle de finale face aux Blacks !
- Après avoir été longuement critiquées, voilà que les primaires de la gauche deviennent, d'un seul coup, un exemple parfait de démocratie et de mobilisation citoyenne : vivement dimanche prochain !
- Le déménagement du marché du Pin signifiait forcément sa mort, qui aurait été savamment planifiée par la municipalité d'Agen (on ne sait pas pourquoi...!). Résultat des courses : le marché du Pin a trouvé là une nouvelle jeunesse...
- Et on pourrait dire la même chose du Boulevard piéton qui devait "tuer" le commerce, à entendre certains de ses contempteurs : il suffit d'y aller voir pour comprendre... que les Agenais ont compris et adopté !
XV de France, Primaires, Marché du Pin, Boulevard : "adore ce que tu as brûlé,..." A quand le prochain emballement ? Est-ce l'ère de la communication immédiate qui nous fait ainsi passer d'un excès de langage à un autre ? Peut-être que nous ne réfléchissons plus assez avant de parler ou d'écrire...
Un mot, donc (aussi réfléchi que possible...) sur l'emballement des primaires, "merveille démocratique" pour les uns, "gadget" pour les autres. Quid ?
2,5 millions de Français qui se déplacent, c'est (beaucoup) mieux que ce qui était prédit.
On peut toujours gloser sur le fait que ça ne représente que 5 % des électeurs. (A titre de comparaison, l'élection de nos conseillers de quartier à Agen en 2009 avaient rassemblé 22 % des électeurs). Il n'empêche : ces primaires disent une réelle forme d'intérêt des électeurs de gauche ; comment pourrait-on ne pas se réjouir de voir ici des citoyens s'intéresser au débat public, d'autant que les échanges télévisés entre les candidats ont rassemblé, eux aussi, beaucoup de téléspectateurs.
Faut-il y voir un exemple transposable à d'autres élections et d 'autres familles politiques ?
J'entends parler de primaires pour les municipales à Paris, pour la droite en 2017 aux présidentielles, etc...
Me reviennent en mémoire mes cours de droit constitutionnel et notamment l'article 4 de la constitution de 1958 : "Les partis et groupements politiques concourent à l'expression du suffrage" notamment par la désignation et la formation des candidats. Or ces primaires, c'est d'une certaine manière la primauté du citoyen sur le militant.
Est-ce une bonne chose ? Je n'en suis pas si sûr. Serais-je un militant socialiste heureux de me voir ainsi privé de l'exclusivité de désigner celui ou celle qui portera mes couleurs ? Au-delà du caractère spontanément sympatique de ces primaires, elles posent en réalité une question de fond qui m'interpelle.
Les primaires nous condamnent-elles au bipartisme ?
Prenons un exemple : le parti radical de gauche. C'est une vieille institution dont l'histoire est sans doute plus riche que l'avenir. Le "petit-tour-et-puis-s'en-va" de Jean-Michel Baylet dans ces primaires aura-t-il contribué à porter haut les couleurs de sa famille ? Personne ne peut le dire sérieusement à la fin de ce parcours bien peu glorieux.
Les primaires seraient-elles ainsi le "premier tour du pauvre", avant que les "grands" partis, les sérieux, n'entrent en scène pour les élections, les vraies ? Ce serait terrible...
Elan populaire utile avant le début de la vraie campagne ?
Tout au long de ces dernières semaines, le débat des primaires a largement mobilisé les écrans : on pouvait légitimement penser que le vainqueur trouverait là une légitimité porteuse. Et ça aurait sans doute été vrai... si ces primaires avaient désigné un vainqueur dimanche dernier.
Or, Hollande, s'il est devant, l'est moins qu'il ne l'espérait.
Martine Aubry est moins distancée qu'on ne l'avait prédit.
Et Montebourg se trouve placé dans une situation d'arbitre, moins confortable qu'il n'y parait.
Cette semaine va être rude pour les deux finalistes...
Imaginons cependant qu'un des deux sorte clairement vainqueur dimanche prochain (rien n'est moins sûr...)
Imaginons qu'il soit en capacité de panser les plaies des candidats distancés (les larmes de Ségolène) : la campagne présidentielle risque d'être longue.
Gare à l'usure qui pourrait bien aboutir à ce que les votants de l'automne... changent d'avis au printemps !