Espoirs déçus et fraternité introuvable

Publié le par Bernard LUSSET

Quelques heures, quelques seulement : l'unité nationale, incarnée par cette photo prise à Montauban lors des obsèques des soldats victimes de Mohamed Merah, n'aura duré que quelques heures.

 

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Déjà, la "campagne" électorale reprend ses droits ou, plus justement, la polémique redevient la règle, remettant en cause, pêle-mêle, la présence du Ministre de l'Intérieur à Toulouse, le travail des services de renseignement intérieur, le contrôle des populations d'origine étrangère, etc... Il me semble pourtant qu'aucun candidat ne se serait abaissé à reconnaitre que la gestion de la crise née des crimes sordides de Merah s'est plutôt bien faite. Même si les heures nous ont semblé longues, le travail des forces de police, de gendarmerie, de la justice ont permis d'abord d'identifier l'auteur de ces crimes qui nous ont bouleversés puis de le retrouver et, finalement, de le mettre hors d'état de nuire.

 

Faut-il en conclure qu'en politique, la reconnaissance du travail de l'adversaire serait forcément un aveu de faiblesse ? Je refuse cette idée.

 

Mais déjà, la folle course présidentielle est passée à autre chose et se mobilise sur cette question : les terribles évènements toulousains et montalbanais sont-ils "l'évènement imprévu" qui pourrait modifier la donne ? Que les médias patientent un peu : il ne reste qu'un mois pour le savoir... Que dis-je : le prochain week-end ne se terminera pas sans que sortent, tous chauds, les premiers sondages "post-Merah" : les commentaires vont aller bon train...

 

***

 

Plus que l'impact de la folie de Mohamed Merah sur la campagne électorale, je m'inquiète pour nous tous : nous avons été profondément choqués, meurtris, en un mot "changés" par cette affaire. Et pourtant, à bien y regarder, elle est d'une banalité affligeante.

 

Un gamin, sans père ni mère ou presque, aura donc été élevé, près de chez nous, davantage par la rue et les "grands frères" que par sa famille. (Imaginez un peu ce que deviendraient vos propres enfants dans un tel environnement ?) Le pire et le meilleur peuvent en découler. Pour Merah, ce sera le pire.

 

La délinquance, d'abord petite puis, très vite, la violence. La prison, la surenchère et puis, un jour, dans des conditions que nous ne connaîtrons peut-être jamais, l'appel irrésistible vers un autre destin, sans doute plus grand et fort que ce que Toulouse semblait lui proposer : c'est le début d'un parcours qui va transformer un gamin des rues en un criminel froid et fanatique.

 

Mohamed Merah n'est pas seul : il y a dans nos rues, dans nos écoles, d'autres gamins qui, si nous n'y prenons garde, succomberont eux aussi à l'appel enjolivé de recruteurs fanatiques, à l'affut de toute chair à canon facilement manipulable. Ils ne sont pas tous musulmans...

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Qui ne voit qu'au coeur de cette affaire sordide, il n'est au fond question que d'espoirs déçus et de fraternité introuvable ?

 

 

La cérémonie qui s'est tenue mercredi soir à la synagogue d'Agen rassemblait une foule d'Agenais juifs, chrétiens, musulmans et athés, venus dire ensemble leur aspiration à cette fraternité qui fait tant défaut à notre monde.

 

C'est cette image-là que je veux retenir de ces dernières heures.

 

 

 

 

Publié dans on en parle partout

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