"Garantie jeunes" : le Lot-et-Garonne dans l'expérience
Les services du Premier Ministre viennent de l'annoncer (lire le communiqué) : le Lot-et-Garonne fait partie des 10 départements qui expérimenteront à partir de septembre la "garantie jeunes" lancée dans le cadre du Plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l'inclusion sociale.
Sans doute faut-il commencer par dire que ce choix du Lot-et-Garonne traduit la reconnaissance de difficultés sociales réelles dans notre département : comme nous le voyons tous les jours, les fragilités sont grandes dans nos quartiers, y compris chez les plus jeunes qui sont souvent attirés en ville par les services qu'ils recherchent. Donc, hélas, nous voir partager cette expérimentation aux côtés de la Seine Saint Denis ou de Marseille traduit une réalité rude certes, mais qui ne m'étonne pas.
Dans ces 10 départements expérimentaux, ce sont 10 000 jeunes, "isolés et sans ressources", qui pourront, à partir de septembre, bénéficier de cette "garantie jeunes" : 450 € / mois d'inactivité en échange d'un accompagnement "renforcé" vers l'emploi par la Mission Locale. Sans doute y aura-t-il là de quoi tendre une main secourable pour quelques situations comme celles que nous rencontrons dans nos rendez-vous ou dans nos quartiers. Tant mieux pour celles-là.
Ceci dit, entre "garantie jeunes", "emplois francs", "contrats d'avenir", "contrats de génération", "CAE", on voit le gouvernement, bien plus que ses prédecesseurs, multiplier le recours aux emplois aidés, dans l'espoir de voir les statistiques du chômage se réduire en fin d'année, engagement présidentiel oblige... Mais chacun comprend bien, qu'en réalité, ce traitement social du chômage sera sans impact sur l'emploi s'il n'accompagne pas une action publique vigoureuse en faveur de la compétitivité des entreprises.
Or, de celà, il n'est nullement question, comme en témoigne le graphique ci-contre (Ministère de l'Economie/Corse-Matin) : jamais les prélèvements obligatoires n'ont été aussi hauts depuis 30 ans ! Jamais le coût du travail n'a été aussi élevé ! Et jamais notre économie n'a été aussi incapable de produire des emplois qu'aujourd'hui ! C'est là qu'est le problème.
Même l'augmentation importante des taxes et impôts en tous genres de 2013 ne parvient pas à augmenter les recettes de l'Etat : notre économie productive n'en peut plus, dans l'indifférence et l'aveuglement de cette majorité.
La CGT distribuait ce matin à l'entrée d'Agen un tract dans lequel la centrale syndicale expliquait que, contrairement à ce que dit le patronat, "l'emploi n'est pas une charge ; c'est une richesse".
La formule est sympathique. Sauf qu'elle tourne le dos, résolument, aux réalités économiques de notre temps. Pas sûr que les "garanties jeunes" annoncées aujourd'hui, pour généreuses et solidaires qu'elles veuillent l'être, aillent dans le bon sens...