A propos d'Hervé Morin
Hervé Morin était à Agen jeudi dernier, en campagne aux côtés de Jean Dionis qui rappelle, dans son blog, le détail de cette visite lot-et-garonnaise. Je souhaite partager avec vous les quelques remarques que cette visite a suscité chez moi.
Jean Dionis engagé en première ligne de la campagne d'Hervé Morin
Il est de bon ton de se gausser des politiques qui ne seraient guidés que par la recherche du confort et de l'ambition personnelle : soulignons donc ici que l'engagement de Jean Dionis aux côtés d'un candidat crédité de 1% d'intentions de vote trouve son explication ailleurs ! Il y a dans cet engagement -que je partage pleinement- une conviction forte : la majorité présidentielle aurait mieux fonctionné hier -et fonctionnerait mieux demain- si elle était plus diverse, plus ouverte aux idées des autres, moins verrouillée.
Dit autrement, l'UMP constituée en 2002 sur la promesse d'un rassemblement large s'est transformée, au fil du temps, en écurie présidentielle où l'unicité de candidature qui est devenue la règle se traduit, mécaniquement, par une unicité de pensée. Exactement ce que je craignais en 2002 et qui m'a fait refuser ce chemin, que tant d'amis centristes séduits par l'idée du parti unique ont suivi avant, pour beaucoup d'entre eux, d'en revenir...
Jean Dionis fait partie de ceux qui, depuis 2002, se tiennent à une ligne claire : pleinement dans la majorité présidentielle mais libres et un peu différents. Pas nécessairement confortable, cette ligne au moins nous ressemble et Hervé Morin la porte avec constance et audace. Il était donc légitime que ses premiers pas en campagne présidentielle l'amènent à Agen.
Sur le terrain, la campagne ne ressemble pas à ce que les médias nationaux nous en disent
Jeudi soir au Skating, il y avait, et c'est bien normal, des militants centristes venus soutenir leur Président. Mais il y avait aussi des électeurs curieux dont beaucoup n'ont pas encore fait leur choix. Et en discutant avec ces derniers jeudi soir, j'ai été frappé de voir à quel point ils avaient apprécié ce qu'ils venaient d'entendre, un peu étonnés même de ce qu'ils avaient entendu et qui ne ressemblait pas à l'image qu'ils s'en faisaient.
Oui, Hervé Morin vaut infiniment mieux que ce que télés et radios parisiennes veulent bien en dire : responsable politique national, élu local, parlementaire et ancien ministre, il a une connaissance approfondie de la politique et pourtant, quand on l'écoute, malgré son pouvoir et son expérience, cet homme-là nous ressemble. Ou pour dire les choses autrement, Hervé Morin nous parle de nous et propose des solutions concrètes, non démagogiques, inspirées de son expérience et de ses nombreux échanges avec des responsables de terrain. Bref, il y a du souffle, des idées neuves et de l'énergie chez Hervé Morin.
"Monsieur 1 %" ?
Dominique de Villepin est reçu sur Canal + dimanche midi : et lui, que pèse-t-il sur le terrain ? Certes, je comprends que les journalistes qui l'accueillent sont certains de pouvoir extraire telle ou telle phrase assassine à l'égard de N. Sarkozy qui fera parler de l'émission. Mais pour le reste ?
Villepin aura-t-il les 500 parrainages de Maires ? Je suis convaincu du contraire. Au-delà de sa propre personne, qui Villepin représente-t-il ? Quel courant de pensée ? Quels élus locaux ? Quels militants ?
Idem pour Eva Joly qui, malgré la "puissance de feu" supposée des écologistes, n'est créditée que d'un petit 3% : on voit bien que dans cette élection présidentielle, rien n'est joué à ce jour.
Et si cette candidature était aussi anecdotique qu'on veut bien le dire, pourquoi déchainer contre lui tant de moyens pour tenter de l'empêcher d'aller au bout de sa démarche ? Nicolas Sarkozy en serait à 1 point près dans les sondages ? Si tel était le cas, alors je ne donne pas cher de la réélection du Président sortant ! Il serait quand même exotique qu'Hervé Morin soit ainsi rendu responsable par l'UMP des faiblesses de son propre candidat...
Sur bien des sujets, le Centre a eu raison avant tout le monde
Pardon de ce plaidoyer pro domo, mais ce qui m'incite à demeurer fort sur mes convictions et mon engagement centristes dans cette élection, c'est que sur un certain nombre de sujets essentiels, le Centre a eu raison avant tous les autres, sans qu'on ait accepté, durant ce mandat, de l'écouter comme il le méritait. Je veux en donner trois exemples, d'importance croissante :
le bouclier fiscal
Hervé Morin l'a redit à Agen : cette initiative a été une réponse malheureuse et maladroite à une vraie question, celle des plus hauts revenus et des plus gros patrimoines en France. En dénonçant cette initiative, le Nouveau Centre a eu raison avant les autres : au final, non seulement cette mesure n'a rien changé mais elle a, au contraire, abouti à renforcer les inégalités de traitement fiscal des plus gros contribuables. Avec ce bouclier, on est arrivé à un système dans lequel les plus grosses fortunes paient proportionnellement infiniment moins d'impôts que vous ou moi... ! Grotesque et injuste dans des temps où l'effort demandé aux Français va s'accentuant. Finalement, faute d'avoir entendu le Centre, la majorité présidentielle en est réduite à détricoter discrètement sa mesure "phare"... Belle réussite !
la dette publique
Pour le coup, ça fait 15 ans que les Centristes tirent la sonnette d'alarme. A chaque fois, à chaque débat budgétaire, à chaque élection. Nous n'avons eu pour tout retour que des railleries. Quand les autres pays réagissaient et corrigeaient le tir dans la durée, nous préférions continuer à faire jouer l'orchestre du Titanic. Résultat : il nous faut corriger le tir maintenant, après tous les autres, dans des temps économiques marqués par la crise. Stupide d'aveuglement...
la fédération européenne
A chaque étape de la construction de l'Union européenne, nous affirmons toujours la même chose : il ne sert à rien de mettre en place des objectifs communs, des règles communes, si nous ne pilotons pas ensemble, si nous n'harmonisons pas nos politiques économiques, fiscales et sociales. C'est un débat de fond entre ceux qui ne voient dans l'Europe qu'un grand marché (les libéraux de tous poils, de droite et de gauche) et ceux qui voient dans l'Union un espace politique qui est notre seul espoir de peser, demain, face aux pays émergents et de préserver notre modèle d'organisation sociale et économique.
Là encore, on nous a, à chaque fois, renvoyés à nos "doux rêves" de centristes... jusqu'à ce que la réalité nous rattrape : la crise sévère qui nous frappe montre bien que nous avons besoin de mettre en commun nos politiques au lieu de nous bercer d'illusion sur notre "indépendance" perdue. Ce n'est qu'au pied du mur, dans le moment le moins approprié que, finalement, Alain Juppé ose désormais évoquer le mot de "fédération" ! Quel gâchis que la France n'ait pas su utiliser sa présidence tournante de l'Union pour faire progresser ce changement incontournable...
Trois exemples, pris parmi d'autres... Aurait-il fallu, sur ces questions, quitter la majorité présidentielle comme me le suggèrent certains amis UMP, qui reconnaissent par là même que les centristes ont été... des alliés loyaux ? Curieuse contorsion intellectuelle...
Le centre, plus que jamais légitime dans cette élection présidentielle
Dans un tel contexte, la candidature d'Hervé Morin à l'élection présidentielle est donc d'abord la décision légitime d'une famille de pensée à qui nul ne peut opposer je-ne-sais-quelle-ardente-obligation-supérieure : au nom de quoi contesterait-on à une formation politique le droit d'être présente dans cette élection pivot de notre vie politique ?
Dans ce débat, le centre est légitime à s'exprimer, à porter ses solutions, comme il l'a fait lors des précédentes élections présidentielles. Il est particulièrement légitime, faute d'avoir été entendu durant cette mandature qui s'achève et au cours de laquelle le Nouveau Centre a été, malgré tout ça, un partenaire loyal.
D'autant plus légitime que, contrairement à François Bayrou qui compte s'en remettre aux hasards du 1er tour, Hervé Morin, lui, annonce clairement dans quelle alliance de second tour il s'inscrit. Nul doute que s'il cultivait lui aussi l'ambigüité sur ce point, son score annoncé serait meilleur. Mais les centristes, même malmenés au sein de la majorité présidentielle, demeurent fidèles à leurs idéaux, à leurs engagements et à leurs alliés.
La campagne qui va s'ouvrir réservera, à coup sûr, quelques surprises. Le centre pourrait être une de celles-là.