L'aide aux victimes en congrès à Agen

Publié le par Bernard LUSSET

Agen accueille aujourd'hui et demain les 26èmes Asssises nationales des associations d'aide aux victimes. Souvent méconnues, et pourtant présentes partout sur le territoire, ces associations oeuvrent, aux côtés de l'appareil judiciaire pour venir en aide aux victimes. En les recevant au nom de la Ville d'Agen, nous avons voulu leur rendre hommage. Je publie ci-dessous le texte de l'allocution que j'ai prononcée à cette occasion.

 

Pour en savoir plus : voir le site de l'INAVEM

 

Monsieur le Président Hubert BONIN,
Chère Annie Gourgue,
Mesdames et Messieurs les responsables et animateurs d’associations d’aides aux victimes,
Mesdames, Messieurs, Chers amis,

 

Au lendemain de votre Assemblée générale, et au beau milieu de ces 26èmes Assises nationales des associations d’aide aux victimes, je suis heureux de vous accueillir dans cette salle des Illustres au nom de Jean Dionis, notre député-maire, que je vous demande de bien vouloir excuser et qui vous rejoindra demain matin.

 

Je vous en ai dit un mot ce matin au théâtre : l’organisation de ces 26èmes Assises ici, à Agen, nous comble, avant tout autre sentiment.

 

Parce que nous croyons à la vocation d’accueil de notre ville pour des manifestations comme la vôtre.
Notre situation géographique, notre désenclavement, nos infrastructures sont des atouts que nous nous efforçons de jouer à plein : je veux donc vous renouveler, Monsieur le Président, nos remerciements d’avoir choisi cette année Agen comme lieu de vos réflexions.
Et je veux saisir cette opportunité pour inviter, notamment ceux d’entre vous qui viennent de loin et qui, peut-être, découvrent notre région, vous inviter durant la période estivale qui s’annonce à revenir nous voir.

 
A titre d’exemple : si vous en avez la possibilité demain après-midi, après vos travaux et avant de repartir chez vous, allez découvrir notre Musée, à côté du Théâtre. Vous serez surpris par la beauté des quatre hôtels particuliers imbriqués qui l’hébergent et aussi, je vous le dis, par la richesse des collections de ce Musée.

Je vous recommande particulièrement nos Goya qui sont actuellement à Agen (je dis actuellement parce que ces tableaux parcourent le monde pour participer à des expositions). Allez voir aussi « Renaud et Armide » notre Tintoret dont on vous racontera l’extraordinaire histoire de sa re-découverte dans nos réserves et de sa restauration.

 

En tous cas, sachez-le, chers amis, si Agen est un site possible de congrès, c’est aussi une ville accueillante pour un week-end ou des vacances. Et je forme le vœu que ce premier contact avec Agen vous donne envie de revenir nous rendre visite.

 


Je voudrais ensuite vous dire que l’organisation de ces Assises nous permet aussi de vous exprimer notre profonde gratitude pour l’action que chacune de vos associations mène aux côtés des victimes, de toutes les victimes.

 

Certes, l’institution judiciaire, dans des conditions d’ailleurs souvent difficiles, accomplit sa mission avec une qualité qui en fait une référence que beaucoup de pays nous envient. Mais, à côté de la justice qui doit être rendue, selon ses procédures et son calendrier, il y a toute une dimension d’humanité et d’accompagnement dans la durée sans lesquelles, je le pense, la mesure judiciaire serait incomplète. Et vous avez rappelé ce matin, Monsieur le Président, devant le Directeur du cabinet de Michel Mercier, Ministre de la Justice et Garde des Sceaux, la complémentarité des actions des uns et des autres.

 

Dans un temps où le bénévolat et le service des autres sont de plus en plus indispensables, mais aussi de plus en plus en recherche de bénévoles, votre action associative, Mesdames, Messieurs, mérite d’être saluée et de recevoir une gratitude publique à laquelle la Ville d’Agen, en vous accueillant, souhaite s’associer modestement.

 

Nous sommes heureux d’accueillir ces Assises.
Nous sommes heureux d’accueillir des associations oeuvrant dans la protection des victimes.

Nous sommes aussi particulièrement sensibles à la thématique de ces Assises.

 

Je vous l’ai dit ce matin : au-delà de notre image de ville de rugby ou de capitale des pruneaux, qui portent notre identité, Agen garde évidemment la mémoire de Magalie et de Marion.

 

Magalie, ça a été, si j’ose dire, notre premier choc, dans les années 1984, presque une découverte des Agenais, plutôt préservés avant, de la brutalité dont l’homme est capable en s’en prenant aux plus vulnérables : nos enfants.

 

Le prénom de Marion, quant à lui, sonne à nos oreilles comme une insondable souffrance, celle de ses parents et de ses amis. Comme une insupportable attente, aussi pour tous ceux qui espèrent aujourd’hui encore, 15 ans après sa disparition.

 

Mais, et je dis ça devant des associations qui viennent en aide aux victimes et vous comprendrez ce que je veux dire par là, la disparition de Marion a aussi été, aux yeux du grand public et pour les Agenais en tout cas, une des premières, sinon la première grande mobilisation générale autour de la disparition d’un enfant.

 

Et là, je veux rendre hommage à Annie Gourgue, qui a mis son exceptionnelle générosité au service de ces deux causes, Magalie, puis Marion et, malheureusement, tant d’autres depuis.

 

Annie, vous la connaissez : elle n’a peur de rien… !

Quand la cause des enfants est en jeu, rien ni personne ne l’arrête. Il y a chez elle une capacité de révolte, d’indignation et d’énergie que personne ne pourrait soupçonner en la rencontrant la première fois. Elle est pourtant Colonel de réserve de la Gendarmerie, c’est dire…

Moi qui la connais depuis 25 ans maintenant, je sais que rien, jamais, ne l’arrêtera dans son combat pour les enfants victimes.
Je l’ai vue, au moment de la disparition de Marion pousser toutes les portes, bousculer toutes les habitudes, secouer tous les cocotiers du monde.

 

Je peux même l’avouer : cet activisme, parfois, sur le moment m’a fait m’interroger et m’a parfois mis mal à l’aide. Mais avec le recul, je réalise combien c’est Annie qui avait raison : le sort des enfants victimes ne peut être autre chose qu’une priorité absolue, une impérieuse urgence collective, une sorte d’ « ardente obligation » nationale qui s’impose à chacun de nous : et sur ce plan, Annie est un peu notre conscience à nous.

 

Votre venue à Agen est évidemment pour nous, pour moi, l’occasion de lui dire, et à travers elle de vous dire à vous tous qui oeuvrez, combien nous sommes reconnaissants de cet activisme insatiable, de ce don de soi, de cette générosité que vous mettez au service des victimes.

 

Alors, bien sûr, les thèmes de vos ateliers aujourd’hui et demain, nous interpellent, parce qu’ils nous disent que la famille, si elle est le lieu privilégié de la découverte, de l’éducation, de l’amour, la famille peut aussi être un lieu de souffrance pour l’enfant.  C’est une réalité douloureuse à entendre. Et pourtant c’est une réalité.

 

L’enfant reste le maillon à la fois le plus précieux et le plus fragile de cette triangulation familiale qui se forme lorsqu’il s’agit de porter et transmettre les valeurs sociétales. C’est autour de l’enfant que se composent et recomposent les liens familiaux, les aventures d’adultes et leurs passions, parfois cruelles. Et pourtant, ce sont les premières années de la vie qui réclament, nous le savons tous, le plus d’attention, de vigilance et de précaution.

 

Je suis convaincu que les témoignages de vos différents intervenants permettront d’éclairer les chemins complexes qui mènent de l’enfance à l’âge adulte, qui permettent de traverser les épreuves et de conserver à la famille, à chaque fois que c’est possible, la fonction première qui est la sienne, mais aussi d’envisager les meilleurs substituts, quand c’est nécessaire. En tout cas, nous suivrons avec attention vos conclusions et nous vous remercions d’avoir choisi de mener ces débats ici à Agen, où notre histoire nous rend très sensibles à ces questions.


Après, nous sommes en Gascogne : ça veut dire que le sérieux et la gravité de vos débats n’excluent pas un certain art de vivre... Je sais que votre programme va vous amener à découvrir ce soir les premières terrasses sud de la Garonne, vers le Château d’Aubiac : je forme donc le vœu que cette soirée gasconne prolonge agréablement cette journée et vous donne les forces nécessaires pour poursuivre demain matin vos travaux, à la clôture desquels Jean Dionis notre Député-Maire, participera à vos côtés.

 

En attendant, pour marquer votre venue, Monsieur le Président, je souhaiterais vous remettre au nom de la Ville d’Agen, deux cadeaux :

 

Le premier est de l’ordre du symbole : c’est la médaille d’or de la Ville d’Agen. C’est une distinction que nous ne distribuons que chichement et que nous réservons à ceux qui, par leur action, rendent service à cette ville. En vous remettant cette médaille, Monsieur le Président, nous vous faisons en quelque sorte « Ambassadeur de la Ville d’Agen ».

 

Et puis, au-delà des symboles, je suis heureux de vous remettre quelque chose de plus tangible, ce panier, garni de purs produits 100 % Lot-et-Garonne qui sont là pour chatouiller votre palais et vous donner envie, à vous aussi, de revenir.

 

Encore merci à tous de votre présence. Bonne soirée gasconne et bonne fin de travaux.

 

Publié dans on en parle partout

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