La LGV produit-elle de la richesse ?
La Ligne à Grande Vitesse est-elle porteuse de développement économique ? Tel était le sujet du débat organisé ce jeudi par le journal Sud Ouest dans l’enceinte de Walibi.
En marge du compte-rendu de ce débat, je souhaite partager ici quelques commentaires suscités chez moi par les échanges de ce jeudi.
Sur le bien-fondé de la LGV elle-même :
Franchement, je suis plein d’une –authentique- compassion pour les riverains directement concernés par le tracé : ils mettent l’énergie du désespoir à essayer de trouver un peu partout des arguments qui permettraient de sauver leur maison, leurs champs, et, pour partie, leur histoire.
Beaucoup d’entre nous, à leur place, réagiraient comme eux. Ils méritent qu’une fois le tracé définitif retenu, le plus vite possible, les pouvoirs publics mettent la même énergie à les
indemniser qu’à concevoir le tracé.
Mais si le mot « intérêt général » a encore un sens, alors, le débat de ce jeudi a montré combien les anti-LGV sont totalement « à côté » de cet intérêt général, remettant en cause, pêle-mêle, les études (sauf celles qui les arrangent), les engagements (sauf ceux qui vont dans leur sens), les expériences déjà menées (sauf quand elles servent leurs revendications).
Bref, les anti-LGV ont montré là toutes les limites de leur combat contre la LGV elle-même.
D’ailleurs, l’opinion ne s’y trompe pas et hors les éventuels riverains, il n’y plus guère que quelque agitateurs professionnels pour chercher à faire croire qu’il y aurait une solution alternative à cette question par ailleurs tranchée depuis des années. Certains espèrent même trouver là le terreau fertile de leur campagne électorale...
La LGV se fera, par bonheur.
Sur la localisation de la Gare :
J’ai dit ici en janvier 2010 (http://www.blusset.fr/article-au-sujet-de-la-gare-tgv-d-agen--42431908.html) combien la décision d’approuver l’implantation d’une gare rive gauche a été douloureuse pour les élus agenais que nous sommes.
Mais, pour le coup, le débat sur l’impact économique de la LGV est d’une absolue limpidité : le surcroît d’activité économique de la LGV ne se réaliserait pas sans une gare très attractive et
accessible pour toute la région. Ce qui pointe son implantation du côté de Brax, aux portes de l'Albret et du Gers, au cœur de la zone irriguée par le second échangeur d’autoroute et la rocade
ouest en provenance de Villeneuve.
Sur les répercussions économiques de la LGV :
A entendre les opposants à la LGV, « trop petits », « trop isolés », « trop faibles », nous serions, forcément, les dindons de la farce de la LGV, Bordeaux et Toulouse profitant seuls de cette affaire qui n'aurait été conçue que pour eux, etc…
D’abord, j’en ai soupé de ces discours de défaitisme absolu d’où l’ambition et la confiance en nous-même sont toujours étrangers.
Ensuite, ces discours oublient de regarder le monde : juste pour embêter Agen, la LGV ? Mais c’est d’Europe dont on parle ! C’est du club –très fermé et avec beaucoup de candidats- des
villes connectées à la LGV dont il est question ! C’est des liens à tisser, grâce à elle, avec l’Espagne, avec le Nord de l’Europe !
Et si ces discours avaient contenu un soupçon de vérité dans notre histoire, l’A62, (après le canal et le train) aurait dû, depuis longtemps, nous faire perdre toute substance en facilitant grandement les liaisons avec Bordeaux et Toulouse… Mais c’est exactement l’inverse qui s’est passé dans toute notre histoire !
Ce qui est vrai en revanche, et qui a été redit lors de ce débat, c'est qu'en elle-même, la gare LGV, si elle ne s'inscrit pas dans une stratégie ambitieuse, dans une vision d'ensemble d'un territoire, n'amène rien.
Par chance, en Lot-et-Garonne, c'est justement cette stratégie-là qui est en mouvement aujourd'hui sous l'influence des élus des deux rives (zone de Ste Colombe, 2nd échangeur autoroutier, pont de camelat et rocade ouest, liaison ferroviaire avec la gare d'Agen-centre en 6 minutes, etc...). Dans ce schéma d'ensemble, la LGV et la gare d'Agen sont des atouts supplémentaires de taille.
Sur le coût de ce projet, et son financement :
Je comprends bien que les coûts prévisionnels annoncés (4 milliards d'euros pour le tronçon Bordeaux-Toulouse) suscitent des questions, au moment où l'aregtn public se faire plus rare. Mais, pour ne pas faire de démagogie, c'est quoi 4 milliards d'euros ? Pas rien, certes :
- c'est 4 fois le budget ponctuel que le Premier Ministre vient de débloquer pour nos agriculteurs en proie à la sécheresse (1 Md).
- c'est un peu moins que le plan de relance pour la seule année 2010 (plus de 5 Mds)
- c'est 15 jours de recettes de TVA
- c'est 10 % du produit de l'impôt sur le revenu d'une année.
Ce n'est pas rien, donc. Mais pour un investissement qui produira ses effets durant des décennies et dont la dépense s'échelonnera sur plusieurs années, ce n'est pas hors de proportion.
Pour une fois que l'argent public (et sans doute, aussi, privé) sera mobilisé dans notre région (à quand faut-il remonter pour retrouver un tel niveau d'investissement public entre Bordeaux et Toulouse ? Sans doute à la création de l'A62 ?), ne faisons pas comme si nous ne mesurions pas, aussi, tout les effets induits d'une telle dépense, y compris sur notre économie locale.
Alors que l'activisme médiatique des anti-LGV avait tenu le haut du pavé ces derniers mois, le débat de ce jeudi a permis de remettre cette question de la LGV au juste niveau de l'intérêt général : c'était une heureuse initiative.
P.S. : un dernier mot au sujet de la LGV.
Pour tous ceux qui veulent en savoir un peu plus sur l'ampleur -et les questions de tracé- de ce chantier, rendez-vous sur http://www.gpso.fr/page_videos.html : vous y verrez quelques-uns des tracés en cours d'étude, de Bordeaux à Toulouse... en passant par Agen.