La majorité... en panne de majorité !
Ce n'est pas parce que le feuilleton de l'UMP occupe le devant de la scène médiatique que la vie politique du pays se limite à ça... Hier mercredi, s'est produit un évènement d'ampleur : le refus du Sénat de voter le volet recettes du projet de budget pour 2013.
Evènement ? Oui !
Certes, comme le prévoit la Constitution, le dernier mot reviendra à l'Assemblée nationale où le PS dispose, avec ses 296 membres et apparentés, de la majorité absolue.
Certes, c'est l'abstention du groupe des sénateurs communistes qui a permis que les voix des sénateurs de l'opposition bloquent l'adoption du budget.
Certes, cet échec n'empêchera pas, au final, le Gouvernement de mettre en oeuvre sa politique pour 2013.
Mais pour autant :
Dans l'omnipotence du PS qui détient tous les leviers du pouvoir dans le pays, sa fragilité relative au Sénat fait de la Chambre Haute un lieu réel de résistance dont on serait bien inspiré de suivre plus attentivement le travail.
Dans cette assemblée, aucune voix des sénateurs d'opposition n'a manqué, loin des chicaïas des états-majors parisiens : tous les sénateurs UMP (qu'ils soient pro-Copé ou pro-Fillon) et tous les sénateurs UDI ont uni leurs efforts pour bloquer ce projet de budget, preuve que, dans l'action quotidienne, nos parlementaires savent être unis et cohérents dans leur action, comme ils l'ont montré tout au long de l'examen du projet de budget.
Dans le vote du budget 2013, cette étape ratée au Sénat sera perçue pour ce qu'elle est : une alerte adressée au gouvernement sur la nécessité de mettre en oeuvre une politique budgétaire plus adaptée aux temps que nous traversons.
Cet échec illustre l'ambigüité du positionnement politique de la majorité présidentielle : le Front de Gauche a appelé à voter Hollande au second tour de la présidentielle, mais ils ne soutiennent pas sa politique aujourd'hui. Vous avez dit cohérence ?
Quant aux Verts, qui ont obtenu les marocains qu'ils convoitaient, cela ne les empêche pas d'être parmi les plus critiques sur l'absence de courage de François Hollande en matière environnementale. Cohérence là aussi ?
Oui, le rejet du projet de budget 2013 au Sénat est un évènement, dont on aurait tort de sous-estimer l'importance : il n'est pas exclu que ce soit là que se joue, plus qu'ailleurs dans les prochains moins, la reconquête.