Le berceau de l'humanité à la dérive
Entre la météo (digne d'un mois de mars !), l'horreur des attentats en Norvège et la crise de la dette publique en Europe, c'est peu dire que cet été 2011 est peu réjouissant : il nous pousse à porter sur nous-même un regard peu enclin à l'optimisme qui n'arrangera pas, on peut en être sûr, un climat économique déjà morose. Ajoutez à ça que nous sommes entrés dans une année pré-présidentielle où tous ceux qui sont dans les affaires savent que ces années-là sont peu réjouissantes (on ne sait toujours pas pourquoi, mais c'est comme ça...) : bref, rien de bien terrible à l'horizon de ce mois de juillet finissant.
Pourtant, mon attention ces temps-ci se porte loin de nous, vers la corne de l'Afrique, où sévit une crise à côté de laquelle nos difficultés de l'heure passent pour ce qu'elles sont : des problèmes de riches.
J'ai écrit ici combien j'avais été frappé, cet hiver, de retrouver un Kenya en proie à une pauvreté grandissante, à l'écart de la période de prospérité internationale que notre monde a connu dans les années 2000.
Voilà que s'ajoute à ces difficultés récurrentes une sécheresse comme on en avait pas connu depuis 60 ans : quand on sait à quel point ces pays, d'ordinaire, sont déjà privés d'eau, on imagine avec peine la situation vécue par ces populations.
Pourtant, des dizaines de milliers de morts sont déjà à déplorer en Somalie, au Kenya, en Ethiopie, à Djibouti, au Soudan et en Ouganda, et ce sont 12 millions d'habitants (12 millions...) qui sont désormais directement menacés par cette sécheresse et l'immense famine qui l'accompagne.
Ajoutez à ça les violences, mi-ethniques mi-crapuleuses, qui soumettent le peu d'économie de subsistance qui existe à la règle du plus fort : c'est tout un sous-continent qui part ainsi à la dérive, sous nos yeux.
La réunion de crise de la FAO qui se tient aujourd'hui à Rome permettra-t-elle de parer au plus pressé ? Il faut l'espérer, même si, on le voit bien, les ingrédients d'une catastrophe humaine majeure sont d'ores et déjà réunis et la mobilisation de la communauté internationale ne pourra, au mieux, que limiter les ravages qui frappent ces populations.
Il parait que cette région est le véritable berceau de l'humanité et que c'est ici que la condition d'homme s'est progressivement élevée au dessus de celle du règne animal. A tourner son regard vers la corne de l'Afrique ces temps-ci, on se met à douter de nous-mêmes...