A propos du plateau de l'Ermitage

Publié le par Bernard LUSSET

J'ai de la considération pour Monsieur Couderc, pour son parcours d'homme, d'élu, de militant et pour un fait que je n'oublie pas : il fut à l'origine de la venue à Agen de la magnifique statue de Montesquieu par Dumilâtre qui se dégradait dans les jardins de l'Assemblée Nationale et qu'il proposa au Docteur Chollet, alors Député-Maire d'Agen, pour la bibliothèque du Centre universitaire du Pin qui venait d'ouvrir ses portes. Rien qu'à ce titre, nous devons respect et considération à Monsieur Couderc.

 

Ceci dit, Monsieur Couderc et l'association de La Mirande qu'il a créée ont tendance à être particulièrement critiques à l'égard de notre équipe municipale. C'est, certes, leur droit le plus strict mais cela les amène, parfois, à asséner des vérités qui n'en sont pas. Refusant l'idée que les propos de Monsieur Couderc puissent être dictés par des considérations politiciennes et préférant imaginer un déficit d'informations, je souhaite faire ici un point précis sur l'une des dernières "sorties" de Monsieur Couderc à notre encontre au sujet du plateau de l'Ermitage.

 

Le PLU d'Agen

 

La Ville d'Agen élabore actuellement son Plan Local d'Urbanisme, c'est à dire le document qui, à la suite du Plan d'Occupation des Sols, va définir les règles de construction à Agen pour les 10 ou 15 ans qui viennent. Sujet technique et aride, mais passionnant qui esquisse le futur visage d'Agen, une fois que les constructions réalisées sous l'empire des nouvelles règles auront vu le jour : le PLU, c'est réfléchir à la Ville où nos enfants vivront. 

 

Dans ce débat qui fera l'objet d'une large enquête publique, l'enjeu essentiel pour Agen est de favoriser le retour des familles dans les immeubles anciens du coeur de ville et de donner une attractivité nouvelle à notre coeur de ville. Tout dans notre action municipale depuis 4 ans vise cet objectif prioritaire parce que nous ne pouvons nous satisfaire de tous ces immeubles vides et peu ou pas entretenus qui jalonnent notre coeur de ville.

 

Mais si cet enjeu de revitalisation du coeur de ville est premier, il n'est pas le seul. Les réflexions engagées ces derniers mois sur le PLU en ont exploré beaucoup d'autres. Parmi celles-là, il y a l'Ermitage.  agen-ermitage.jpg

 

Le plateau de l'Ermitage

 

Notre idée est assez simple : le plateau de l'Ermitage est un lieu magnifique qui surplombe le méandre de la Garonne et toute la cité (allez-vous promener au bout de la rue de Bellevue). C'est aussi le lieu où les Nitriobriges ont fondé Agen, au-dessus du confluent de la Garonne et de la Masse. 

 

Au début des années 90, Richard Boudet, chercheur au CNRS (que j'ai eu le privilège de rencontrer longuement et qui m'a beaucoup appris sur notre passé commun) a réalisé sur ce plateau des fouilles qui ont pu confirmer la haute valeur archéologique de ce site : notre Musée des Beaux Arts présente quelques-unes des richesses ainsi extraites du sous-sol de l'Ermitage.

 

La ville s'est portée acquéreur, il y a de nombreuses années, de terres agricoles sur ce plateau qui garantissent que jamais ce patrimoine archéologique enfoui ne pourra être galvaudé. Grâce à ça, nos successeurs revenus à meilleure fortune pourront, s'ils le souhaitent un jour, y réaliser un parc naturel urbain qui viendra compléter de manière heureuse celui que Jean Dionis a fait réaliser à Passeligne et qui connait le succès d'affluence que l'on sait. 

 

Quel projet ?

 

Sur le plateau de l'Ermitage, il n'y a pas que des terres agricoles et des vestiges gaulois enfouis dans le sous-sol : il y a aussi... des Agenais, des habitants qui vivent dans un petit hameau dénommé Coueche. C'est un endroit peu connu, peu accessible, mal desservi mais délicieux.

 

Nous avons imaginé, dans nos réflexions collectives sur le PLU, que dans la continuité de ce petit hameau, cela pourrait avoir du sens de permettre que quelques constructions s'y établissent, après que deux conditions impératives seront réunies : d'abord que les réseaux (eau, électricité, assainissement, etc...) soient mis à niveau, ce qui prendra du temps, compte-tenu des investissements à réaliser. Et, une fois que ce travail aura été fait, toute construction sera soumise à des fouilles d'archéologie préventive : il n'est pas question de laisser dévaster les éventuelles richesses archéologiques que le sous-sol pourrait renfermer. 

 

Autrement dit, en réfléchissant à créer dans le PLU une zone comme celle-là sur une petite partie arrière du plateau, nous ouvrons prudemment quelques portes qui pourraient, un jour et sous ces conditions draconiennes, aboutir à d'éventuelles constructions. On verra plus loin que, ce faisant, nous protégeons le plateau de l'Ermitage bien plus qu'il ne l'est aujourd'hui.

 

Monsieur Couderc lui-même...

 

Il y a quelques années, sous la Municipalité Veyret (dont Monsieur Couderc, Président de La Mirande, était l'Adjoint au maire en charge du Patrimoine), Agen Habitat, organisme HLM municipal présidé par le Maire, s'est porté acquéreur de terrains situés rue du Tibet... là où nous souhaiterions notamment modifier le règlement d'urbanisme du plateau.

 

Que je sache, Agen Habitat n'a pas, à l'époque, acheté ces terrains pour en faire un parc archéologique ? Tout naturellement, le Maire d'Agen de l'époque et son Adjoint au Patrimoine imaginaient y implanter des contructions respectueuses du plateau, de son environnement et de son sous-sol. Pourquoi, sinon, faire acheter ce terrain par un bailleur social ? 

 

En envisageant des formes respectueuses d'urbanisation à cet endroit, notre équipe ne fait donc que traduire en droit... ce que Monsieur Couderc lui-même avait imaginé. Comment pourrait-il, aujourd'hui, nous en faire le reproche ? J'avoue ne pas comprendre cette contradiction.

 

Protéger le plateau et préparer l'avenir 

 

Les propos de la Mirande deviennent carrément incompréhensibles quand on se souvient que la règlementation actuelle autoriserait Agen Habitat à construire des logements sur son terrain ! Nous n'avons pas voulu user de cette faculté et nous avons préféré modifier le PLU, dans lequel, contrairement à ce qu'on cherche à faire croire aux Agenais et aux amoureux du patrimoine, nous n'ouvrons donc aucun droit nouveau à construire, au contraire.

 

J'espère que cette chronique contribuera à éclairer chacun sur la réalité des projets municipaux et à faire taire les propos erronés qui circulent. Si ces propos persistaient, ce serait alors la démonstration que Monsieur Couderc et La Mirande, ainsi que ceux qui les accompagnent, seraient engagés dans un combat où la défense du patrimoine ne serait qu'un prétexte politicien.

 

Ce qui serait une vraie surprise pour moi...

  

 

Publié dans on en parle à Agen

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B
Article Petit Bleu - Depeche :<br /> <br /> Sans surprise, les délégués de l’agglomération ont adopté le Plan local d’urbanisme et valider l’urbanisation possible du plateau de l’Ermitage.<br /> <br /> Bernard Lusset, le premier adjoint au maire d’Agen, n’hésita pas une seconde, hier soir : «Nous ne sommes pas les bétonneurs du plateau de l’Ermitage.» En s’exprimant ainsi, lors de la réunion<br /> d’Agen agglo dans l’atmosphère surchauffée de la salle des Illustres à l’hôtel de ville, il répondait indirectement à l’association «La Mirande». Le président Couderc demandait, hier, dans nos<br /> colonnes, aux délégués communautaires de ne pas «saborder» l’oppidum gaulois de l’Ermitage. Comme le pensait «La Mirande», le Plan local d’urbanisme a été adopté «avec maintien de la zone à<br /> urbaniser sur le plateau de l’Ermitage». À charge pour l’agglo de faire réaliser d’abord les fouilles préventives puis «obligatoirement des fouilles approfondies lors de la présentation de projets<br /> de construction». Bernard Lusset, expliqua quand même «que le choix que nous faisons c’est l’inverse de cette accusation de bétonneur. Nous faisons le choix de préserver l’essentiel de ce plateau<br /> et l’intérêt de la collectivité». Comme on s’en doutait, le Plan local d’urbanisme à 12 communes a été adopté. Deuxième acte le 26 septembre prochain pour élargir ce PLUI, «le premier de ce type,<br /> d’après le Grenelle, adopté en France et intégrant un Programme local de l’habitat et un plan de déplacement urbain» auxautres communes de l’agglo.
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