Le paradoxe Benoit XVI
De sa voix frêle et de son geste hésitant, voilà ce vieil homme de 86 ans qui salue, une dernière fois en tant que Pape, la communauté catholique d'un milliard et demi d'âmes dans le monde. Un
dernier sourire avant de monter dans l'hélicoptère papal vers Castelgondolfo. Un dernier salut, un dernier message et c'est fini. Derrière ces adieux, un formidable retentissement : 150 000
personnes (cent cinquante mille !) spontanément rassemblées place Saint Pierre, et des centaines de millions qui, dans le monde entier, saluent l'évènement planétaire de cette démission
volontaire, une première... On annonce rien moins que 4000 journalistes accrédités auprès du Saint-Siège pour le prochain conclave !
Quel paradoxe !
Souvenez-vous : à peine élu par ses pairs, Joseph Ratzinger était déjà catalogué par la meute puissante des incrédules et des intolérants. Nous avions un pape "rétrograde", "orthodoxe", "incapable" de comprendre les réalités de notre temps. Tout au long de son pontificat, les mêmes n'ont eu de cesse de pointer du doigt ce qui leur semblait être le comble de l'anti-modernité : le choix de la préservation de la vie, de la fidélité dans le couple, de l'amour tolérant de son prochain. Et puis, ceux-là ont fait leurs délices des "scandales", pouffant devant ce vieux Monsieur manifestement hors du temps. J'ai même lu aujourd'hui qu'il se trouve des thuriféraires pour l'imaginer vouloir tirer les ficelles dans le dos du nouveau Pape !
Quel dignitaire religieux a été aussi vilipendé et moqué que Benoit XVI ? Lequel a du supporter de si stupides procès d'intention ? Lequel a été jugé aussi sottement que ça ? Quel dignitaire religieux a été moqué, raillé, provoqué dans l'indifférence moqueuse de la pensée du temps ? Aucun.
Au moment de partir, voilà notre désormais "Pape Emerite" qui adresse un dernier message (sur Twitter !) : "Puissiez-vous expérimenter toujours la joie de mettre le Christ au centre
de votre vie !" Traduite à l'attention de la "meute", cette phrase : je vous souhaite de connaitre et comprendre un jour le bonheur intime et infime de la foi, de l'espérance.
Quelle force !
Saluons donc Benoit XVI, qui aura été un respectable successeur de Pierre et pensons au prochain pape : qu'il soit jeune ou vieux, noir ou blanc, orthodoxe ou réformiste, italien
ou sud américain, ce pape exercera la triple fonction que les Cardinaux de moins de 80 ans lui auront confié : Pasteur des catholiques, Patron de l'Eglise, Premier porteur du message évangélique.
Il accomplira cette mission à l'aune des 20 siècles d'histoire de l'Eglise et non en sur-réagissant aux émois multiquotidiens et fugaces des effets de mode !
Du coup, nul doute que les incrédules et les intolérants de tous poils continueront de railler cette survivance d'un autre temps.
Mais... eux passeront. Et le Pape demeurera.