les 3 raisons d'accepter la main tendue de F Bayrou
Ancien militant de l'UDF, j'ai cessé de suivre François Bayrou entre les deux tours de l'élection présidentielle de 2007 quand, déjà, Bayrou quittait les chemins qu'il avait lui-même tracés. Son ambigüité à l'égard de S. Royal et son antipathie manifeste à l'égard de Sarkozy érigée en doctrine politique signaient pour moi la fin d'une histoire. Je ne l'ai donc pas suivi au Modem et ai rejoint le Nouveau Centre qui lui, demeurait fidèle à la stratégie d'alliance de l'UDF.
Je n'ai pas davantage goûté cette année, c'est peu dire, son vote "personnel" en faveur de François Hollande, manifestation supplémentaire de l'entêtement du Béarnais. J'ajoute que, sans doute, les 10 années que François Bayrou vient de consacrer à l'élection présidentielle marquent la fin d'un rôle de premier plan pour ce qui le concerne.
Malgré tout ça, je crois que le centre qui se rassemble autour de l'Union des Indépendants constituée par JL Borloo serait bien inspirée d'accepter la main tendue aujourd'hui par François Bayrou. Et cela pour 3 raisons :
1. Aussi exaspérant qu'il puisse être, Bayrou est un homme intelligent et charismatique
Voilà plusieurs années maintenant que Bayrou traverse son désert. Il le fait avec un panache qui montre une force de caractère et de conviction peu commune. Il ne sera pas de trop dans le chemin de reconstruction sur lequel le centre s'engage. D'autant que le positionnement clair de l'UDI, en alliance avec l'UMP, ne semble plus être un obstacle préalable pour Bayrou.
2. Le centre a besoin de rassembler toutes ses forces
Le centre est en lambeaux, en miettes. Du fond de la piscine, il ne peut sans doute que remonter, mais plus nous serons nombreux à le faire et plus rapide sera le retour vers la surface. Plus solide et durable, aussi. Et puis le Modem, s'il incarne un centre sans avenir électoral, n'en est pas moins porteur de valeurs dans lesquelles, pour la plupart d'entre elles, le centristre que je suis continue de se retrouver largement. Ne débutons pas une démarche de rassemblement par des mouvements d'aigreur ou de ressentiment.
3. D'une certaine manière, c'est Bayrou qui a raison !
Regardez où en est Hollande, 4 mois à peine après son élection, comptez les reniements auxquels il a déjà dû céder, regardez l'impact sur la majorité présidentielle qui explose, PS compris, et ce n'est qu'un début. Que dit cette réalité ? Que le temps des promesses électorales sans lendemain est désormais dernière nous et que le principe de réalité devra désormais s'imposer aux candidats. C'est Bayrou, dans l'austérité de sa campagne, qui était sans doute le plus proche de la vérité qu'une majorité de Français, dans un ultime espoir, a refusé de voir. Sauf qu'à refuser toute alliance dans une élection à deux tours, on se condamne à prêcher dans le désert. Ca aussi, Bayrou semble l'avoir (enfin) compris.
Il n'y a donc plus aucune raison pour que le rassemblement des centristes, de tous les centristes, ne s'opère.