Obama ou Gallois ?
Ce mardi 6 novembre, les Américains vont choisir leur Président.
Ce mardi 6 novembre, le gouvernement français annonce ce qu'il compte faire du rapport Gallois.
Un des deux évènements est à la fois américain et planétaire : son issue ne manquera pas d'influer, au-delà des Etats-Unis, sur notre vie quotidienne. L'autre n'est jamais que la Nème publication d'un Nème rapport sur la situation de l'économie française, qui donne lieu à une Nème annonce de mesures. Pourtant, après avoir lu le rapport Gallois (dont je vous invite à prendre connaissance ici), je pense que la remise de ce rapport constitue un rendez-vous, sans doute capital, pour notre économie, la courbe du chômage et l'ambiance générale -un peu délétère, il faut l'avouer- qui règne dans notre pays.
Que dit le rapport Gallois ?
Il dresse un portrait sans concession de l'état de notre économie et des rigidités qui pèsent sur l'activité des entreprises françaises. Ce rapport réussit l'exploit d'évoquer le sujet de façon large, sans se perdre dans des chiffres : il mérite vraiment votre lecture.
Le rapport propose ensuite une série de 22 propositions qui vont de la sécurisation règlementaire (cesser de modifier en permanence les règles fiscales et sociales qui pèsent sur les entreprises, à l'image des 68 modifications de la taxe professionnelle en 35 ans !) à un "Small Act Business", c'est-à-dire à un ensemble de lois se fixant comme objectif prioritaire la croissance des PME.
Mais la mesure "phare" de ces propositions est, évidemment, la 4ème proposition, qui consiste à transférer une part importante des charges sociales qui pèsent sur le travail vers la fiscalité et la baisse des dépenses publiques (environ 30 milliards, répartis à 2/3 pour les charges patronales et 1/3 les charges salariales). Sans exclure un relèvement partiel de la TVA (alors que le gouvernement a, en juillet, supprimé la hausse qui devait intervenir en octobre...), Louis Gallois évoque le relèvement de 2 points de la CSG, ce qui représenterait environ 22 milliards d'euros de recettes ainsi transférées.
L'auteur du rapport insiste sur l'importance de créer un choc de confiance et recommande que ce transfert de charges se fasse sur une année, deux tout au plus, "sinon on courrait un risque de dilution".
Que va faire le gouvernement ?
On sait désormais ce que le Gouvernement va faire de ce rapport : fini le "choc" de confiance, bonjour le lissage, l'étalement, la demi-mesure. Fini le transfert des charges qui pèsent sur l'emploi, bonjour le "crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi" compensé par... une hausse de la TVA, celle-là même que ce gouvernement a décidé de ne pas augmenter en juillet...
Où est la cohérence politique ? la continuité de l'action publique que Louis Gallois appelle de ses voeux ? Sans doute comme le reste : remises à plus tard... Faut-il, comme le soulignent tant d'observateurs, se satisfaire (faute de grive...) de la prise de conscience collective sur la compétitivité ? Faut-il admettre que cette conversion du PS préfigure, demain, des décisions enfin à la hauteur des enjeux ? La bouteille est à moitié pleine ou vide, selon son degré d'impatience...
Manifestement, pas de "grand soir" économique à attendre chez nous de ce mardi 6 novembre. Ne reste donc que l'élection américaine pour, peut-être, nous aider à sortir de la crise...?
God bless America... but do not forget Europe !