Philippe Bouvard : le ras-le-bol des classes moyennes

Publié le par Bernard LUSSET

Philippe Bouvard a quelques talents. Dont celui de l'écriture.

 

Je ne résiste pas au plaisir de vous donner à lire sa tribune, parue dans le Figaro Mogazine fin mars, dans laquelle il explique, en termes choisis, pourquoi François Hollande, biberonné depuis toujours à l'argent public, serait bien inspiré de donner un peu plus de considération à ceux qui, contrairement à lui, ne doivent leurs revenus et leur patrimoine, qu'au seul fruit de leur travail dans le privé.

 

A méditer avant de choisir, dimanche, quel bulletin vous allez mettre dans l'urne...

 

BL

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N'ayant pas démérité, je refuse d'être culpabilisé

 

Je ne suis pas un héritier.

Je n'ai jamais disposé d'un franc puis d'un euro que je n'aie gagné à la salive de ma langue ou à l'encre de mon stylo.

Je profite d'une aisance qu'il ne m'est possible de sauvegarder qu'en continuant à travailler -à 82 ans- dix heures par jour et 365 jours par an.

J'ai élevé de mon mieux mes enfants.

J'aide mes petits-enfants à poursuivre les études qui n'ont pas été à ma portée.

J'ai toujours payé mes impôts sans un seul jour de retard et sans un mot de remerciement.

J'ai financé des porte-avions qu'on ne m'a pas admis à visiter, des bâtiments officiels à l'inauguration desquels on a omis de me convier.

Et ne voilà-t-il pas qu'un énarque , entretenu depuis sa majorité par les contribuables, voudrait me faire honte de ce que je gagne avant de me déposséder de ce qui a échappé à la triple érosion du fisc, de l'inflation et des emplettes inutiles !

Je suis un créateur et un mainteneur d'emplois.

Je fais vivre des proches dont certains m'accompagnent depuis plus de trente ans et que le candidat bouvard-copie-1.jpgsocialiste (puisque c'est de lui dont il s'agit) projette implicitement de diriger vers les Assedic.

 

Or, en quoi ai-je démérité ?

Ai-je volé quelque chose à quelqu'un ?

N'ai-je pas donné au fur et à mesure que je recevais, persuadé que la dépense constituait le plus efficace acte social ?

J'ai perçu quelques heures supplémentaires mais sans aucune subvention.

Je n'ai touché d'autre argent public que la maigre solde d'un sous-officier durant mes quinze mois de service militaire.

Je n'ai jamais bamboché aux frais d'une République qui examine à la loupe les additions de restaurant de ses dignitaires mais qui continue à les régler.

Je n'ai pas fréquenté de paradis fiscaux.

On chercherait en vain la plus petite niche chez moi depuis que j'ai cessé d'avoir des chiens.

Une seule fois, je me suis délocalisé dans le cadre de la loi Pons à la coûteuse faveur d'un investissement hôtelier dans les DOM-TOM qui m' a fait perdre 100 % de ma mise.

A la distribution des bonus, des stoks-options et des dividendes, j'ai toujours été oublié.

Mon casier judiciaire est vierge.

Mon courage est intact.

Je ne suis pas un damné de la terre. Mais je ne suis pas non plus un profiteur ou un escalavagiste.

Je ne suis le protégé de personne sauf celui du public auquel je dois la longueur de mon parcours.

J'ai mes opnions mais je n'ai jamais adhéré qu'au parti des amoureux de la France.

J'ai versé à la collectivité davantage que je n'en ai reçu : pas un jour de chômage et une seul nuit d'hospitalisation en six décennies.

Je me situe sans honte mais sans fierté excessive dans cette classe moyenne qu'on souhaite faire disparaître en nivelant notre société par le bas.

Je refuse autant d'être culpabilisé par un politicien (qui voudrait qu'on prenne son inexpérience pour de la normalité) que la France accorde sa confiance à un homme que l'Europe prive de la sienne et qui, bien qu'ambitionnant de devenir le gardien de la Constitution, ne parait pas s'être préoccupé de la constitutionnalité de ses propositions.

Quant à moi, j'aurai nourri des enfants, construit des maisons, planté des arbres.

Mission accomplie.

Publié dans on en parle partout

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M
Merci, monsieur Bouvard, pour votre deuxième lettre à François Hollande.<br /> Merci de dire haut et fort, ce que nous pensons tous sans pouvoir le faire sortir du cercle plus ou moins large de nos amis !<br /> J'espère que ce message vous parviendra, car je n'ai pas réussi à trouver un moyen de vous le transmettre directement.<br /> Merci pour votre courage, qualité devenue bien rare !
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C
Dans un Pays ou l’assistanat brille jusque dans les cours d'école depuis tellement d'année, je souffre d'une France qui ne sera plus jamais ce qu'elle était ! Faut-il être suffisamment naïf pour y<br /> croire encore ou la peur de voir ces acquis disparaitre au nom d’un rien. Je suis pourtant d’accord avec vos idées M. Bouvard en revanche dite vous bien que vous et vos proches avaient eu la chance<br /> de naitre au bon moment et que si vous avez a la sueur de votre front gagné ces quelques ronds il n’est pas pour les générations qui suivent les mêmes conditions.
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