Préfet "en maraude"
Je découvre dans la presse locale de ce jour, un peu surpris, les propos de notre Préfet à l'occasion de la visite qu'il a effectuée hier "en maraude", en compagnie des différents acteurs sociaux qui oeuvrent dans l'accueil et l'accompagnement d'urgence des plus démunis et des SDF en cette période hivernale.
Ma surprise tient d'abord dans le fait que nous découvrions cette visite dans le journal.
Certes, M. le Préfet est un homme discret. Mais, surmontant sa discrétion et prévenant la presse de sa visite, sans doute aurait-il pu -sans doute aurait-il dû- prévenir aussi la Mairie d'Agen. D'abord parce que c'est l'usage républicain lors de tout déplacement du Préfet dans une commune du département. Ensuite parce que la Mairie d'Agen, aux côtés des autres acteurs, prend sa part de l'indispensable solidarité que nous devons à ceux qui souffrent particulièrement dans cette période hivernale. Bon. Mettons ça sur le compte d'un oubli : ça arrive aux meilleurs...
Une telle visite est, au demeurant, une heureuse initiative.
Elle permet, à la fois, de souligner des détresses que, bien souvent, nous refusons de regarder en face et, de surcroît, de mettre en exergue le difficile travail d'accompagnement réalisé par les différents acteurs associatifs et institutionnels à l'égard d'individus parvenus à une phase extrême de marginalisation. Saluons donc la mobilisation des services de l'Etat autour de cette noble cause.
Et le "vivre ensemble" ?
Là où je souhaite manifester ma plus vive opposition aux propos préfectoraux, c'est lorsque le Préfet fait mine d'ignorer qu'à côté de cette indispensable solidarité, il y a aussi le "vivre ensemble". Et sur ce plan, je le reconnais volontiers, j'appartiens à une équipe municipale qui souhaite qu'à côté de cette aide aux plus démunis, on n'oublie pas, non plus, ceux qui, bon an mal an, travaillent ou résident en coeur de ville et qui sont confrontés, bien trop souvent à mon goût, à des situations scabreuses autour de ces plus démunis.
Pas de "politiquement correct"
Je veux bien ne stigmatiser personne, mais ne basculons pas, tout de même, dans un aveuglement "politiquement correct" que seuls les habitués des beaux quartiers peuvent se permettre :
Oui, certains jours, il y a des chiens, en quantité et non tenus en laisse, qui ne contribuent ni au sentiment de sécurité ni à la propreté de la ville.
Oui, aux heures de fermeture des magasins, il faut un certain courage pour accéder aux ascenseurs du Marché parking et traverser des groupes bien peu accueillants.
Oui, bien des lieux de regroupements de SDF sont jonchés, après leur départ, de canettes, bouteilles et débris en tous genres.
Oui, il est fréquent que des passants soient interpelés vivement par des gens avinés et parfois agressifs.
L'insécurité : plus une priorité de l'Etat ??
Voilà pourquoi je pense qu'il est du devoir de la municipalité de prendre ses dispositions pour réduire les nuisances qui sont ainsi causées aux usagers du centre-ville. Nous devons d'autant plus le faire que, manifestement, nous n'avons pas grand'chose à attendre des services de l'Etat en matière de sécurité sur ce plan...
Pourtant, il me semble que les services de l''Etat devraient, comme le font ceux de la Mairie d'Agen, mener les deux combats de front : faire preuve de solidarité à l'égard des plus exclus et "tenir" l'espace public pour que chacun puisse en jouir normalement. C'est d'ailleurs ce que nos compatriotes attendent de nous et je suis désolé et très surpris de constater que l'Etat choisit une priorité sur une autre.
C'est une erreur.
Si on pense que j'exagère et que ces attroupements ne constituent en rien une gêne, je suggère que les (vastes) locaux de la Préfecture soient mis à profit pour y accueillir les SDF en période hivernale. Une forme de réquisition d'ailleurs prônée par l'actuelle Ministre du Logement, non ?