Projet "Comenius" : de jeunes européens écrivent notre histoire
Je reproduis ci-dessous le discours d'accueil que j'ai prononcé aujourd'hui en recevant les professeurs et élèves participant au projet Comenius.
Pour en savoir plus sur ce projet passionnant : www.palissy.org
Je suis très heureux de vous accueillir, au nom de Jean Dionis notre député-maire et de l’ensemble des membres du conseil municipal, dans cette salle des Illustres de l’Hôtel de Ville.
Oui, nous sommes très heureux de vous accueillir vous tous et vous toutes qui participez au programme COMENIUS sur « notre histoire européenne » et cela pour deux raisons.
D’abord parce que nous aimons recevoir des visiteurs, partager avec eux notre art de vivre, notre histoire et notre géographie, notre culture, notre gastronomie… Bref : tout ce qui forge notre
identité.
Et je dois dire que vous recevoir aujourd’hui, vous qui venez d’Espagne, de Grèce, d’Italie et de Roumanie, vous recevoir aujourd’hui, c’est aussi nous souvenir de ce que nous sommes vraiment,
c’est-à-dire les héritiers d’influences extérieures successives dans une terre qui, de tous temps, a été une terre de transit, une terre de passage, une terre de mélange.
Bertrand Soles, qui est notre meilleur connaisseur de l’histoire de cette ville, vous a fait partager cet après-midi sa passion pour l’histoire de notre ville. Je suis sûr qu’il a eu l’occasion
de vous montrer, dans bien des points de notre ville, combien Agen s’est enrichie, au fil de son histoire, des apports culturels, techniques et scientifiques que nos visiteurs, venus parfois de
loin, ont amené avec eux.
Vous avez derrière vous le portrait de Scaliger. Ce Scaliger-là est né à Agen, mais il est issu d’une famille qui arrivait de Vérone en Italie. Ce quartier d’Agen, des siècles plus tard,
s’appelle aujourd’hui encore le « Vallon de Vérone ». Et depuis les Scaliger, les échanges ont été nombreux avec nos amis italiens qui constituent aujourd’hui encore une communauté très forte en
Lot-et-Garonne.
Comment ne pas saluer les liens historiques qui nous unissent aussi à l’Espagne, certains de ces liens sont très anciens, d’autres plus récents, au gré des soubresauts de nos histoires
respectives. Même chose pour la Grèce qui demeure à nos yeux le berceau de la démocratie moderne. Liens très forts aussi à la fois culturels, linguistiques et sportifs avec le peuple roumain.
Bref, en vous recevant, la Ville d’Agen ne reçoit pas des visiteurs étrangers : elle rend hommage, à travers vous, à toutes ces influences venues d’ailleurs, celles que vous représentez et aussi
toutes les autres : ces influences, qui se poursuivent aujourd’hui encore, sont un élément de notre identité profonde.
Voilà la première raison pour laquelle nous sommes heureux de vous accueillir ici, et je saisis cette occasion pour remercier tout particulièrement les enseignants qui encadrent votre projet :
merci à vous de votre implication, avec une mention particulière pour les enseignants agenais que je remercier chaleureusement.
En vous voyant ici, vous tous qui travaillez en commun depuis plusieurs mois sur l’histoire européenne, je réalise que vous incarnez un monde infiniment plus global, infiniment plus universel que celui des générations qui vous ont précédés.
Du coup, je vous le dis, nous avons hâte de lire votre manuel d’histoire contemporaine, celui sur lequel vous menez justement ce travail collectif. Nous sommes impatients de le découvrir ce
travail, parce qu’il portera forcément votre marque, votre « patte », celles d’une génération certes respectueuse et fière de sa culture nationale, de son histoire. Mais une génération
profondément ouverte aux influences, universelle dans sa pensée et très européenne dans ses modes de vie et ses approches. Ce manuel, votre manuel, ne ressemblera sûrement pas aux autres. Et
grâce à ce travail commun, vous allez ouvrir les esprits, et aussi les cœurs, dans une époque où le repli sur soi et la nostalgie se nourrissent des peurs collectives qui émergent partout.
Oui, votre travail est une œuvre utile. Mais il est plus que cela : il est une chance, sans doute la meilleure qui nous soit donnée, de faire en sorte que la citoyenneté européenne à laquelle
nous sommes si attachés, devienne, demain, une vérité d’évidence, une banalité.
Enfin, et j’en terminerai par là, votre travail collectif que nous voulons saluer en vous recevant aujourd’hui, ce travail commun est aussi essentiel pour une autre raison : il place l’Histoire
au cœur de la réflexion collective. Or, l’histoire nous aide à comprendre qui nous sommes, d’où nous venons, mais aussi ce que nous vivons.
L’Histoire donne du sens, elle met les évènements en perspective, elle permet de mieux les comprendre. Et c’est essentiel dans une époque où nous sommes tous, en permanence, sous un flot continu
d’informations venues de partout.
Et nous avons souvent un peu de mal à y voir clair : à distinguer le vrai du faux. A faire la différence entre ce qui est important et ce qui est accessoire.
Comment hiérarchiser l’information ?
Comment prendre du recul face à des infos qui font le buzz, mais que tout le monde aura oublié dans quelques jours ?
Comment, au contraire, repérer l’évènement discret qui, demain, marquera nos vies ?
Et pour ceux qui sont en situation de responsabilité, comment résister aux réactions d’humeur d’un temps et garder le cap, sans aveuglement : en un mot, comment faire primer les convictions et
les bonnes idées sur les exaspérations du quotidien qui, elles, passeront ?
Chers amis, seule l’Histoire permet de répondre à toutes ces questions : en mettant en œuvre votre travail collectif d’historiens, vous vous forgez pour vous-mêmes et pour nous tous, une âme de citoyens éclairés.
Voilà pourquoi nous sommes très heureux de vous accueillir ici à Agen.
Je vous remercie.