Quelle opposition ?
En cette période de rentrée, les articles sur les 100 jours de François Hollande fleurissent (voir ma chronique sur ce point) et un peu partout, le même constat progressivement s'impose : si la rupture de style voulue par le nouveau Président à l'égard de son prédécesseur a été plutôt réussie, en revanche les réalités de l'action gouvernementale semblent bien maigres par rapport aux enjeux. Bref, Hollande a plutôt fait un bon début sur la méthode mais l'essentiel reste à venir. La rentrée est désormais là et le PS qui détient dorénavant, rappelons-le, tous les leviers du pouvoir en France, va devoir montrer ce dont il est capable.
Ceci dit, gloser sur les difficultés actuelles et à venir de F. Hollande ne suffit pas à constituer un programme pour l'opposition. Or, comme c'est souvent le cas au lendemain d'une présidentielle perdue, l'opposition est littéralement en lambeaux :
UMP : encore et toujours, la désignation du chef
Ainsi est constitué ce parti : il a besoin d'un chef derrière lequel chacun est vivement invité ensuite à se rassembler. C'est d'ailleurs une des raisons qui m'ont fait m'en tenir éloigné depuis sa création en 2002. Sur ce plan, l'UMP continue de fonctionner comme le RPR et l'UDR avant elle.
Copé-Fillon ? Fillon-Copé ? J'ai un peu de mal à me passionner pour ce duel de personnes quand il faudrait plutôt se concentrer sur le projet : quelles leçons avons-nous tiré de notre échec ? Quelles valeurs voulons-nous promouvoir ? Quelle opposition voulons-nous incarner ? La candidature de Bruno Le Maire (la 4ème, sauf erreur) à la présidence de l'UMP me semble être aujourd'hui, et de loin, la plus séduisante à suivre.
Mais dans un parti qui a fait le choix de refuser tout droit à l'inventaire des années Sarkozy, il y a peu de chances que la candidature Le Maire aille au-delà des bonnes intentions. Dommage, car comment ne pas voir que la période passée, si elle a permis à la France de bien résister aux assauts d'une économie chahutée, a aussi été une suite d'erreurs, de postures qui nous ont fait beaucoup de mal. Sans ce droit d'inventaire indispensable et son corrolaire, la reconstruction patiente d'un programme, j'ai la conviction que la droite n'est pas prête de retrouver la confiance d'une majorité de Français.
Le centre : vous avez dit le centre ?
Entre les atermoiements de Borloo (j'y vais, j'y vais pas), le petit tour de piste de Morin (j'y vais et puis je renonce) et l'explosion en plein vol de Bayrou (droite + gauche = ailleurs), voilà le centre bien monté en cette rentrée, réduit pour l'occasion à une galaxie de chapelles dans laquelle même les plus avertis ont un peu de mal à se retrouver !
Ajoutons que les états-majors centristes ou ce qu'il en reste ne sont pas plus malins que leurs homologues UMP : chacun tente de confisquer à son profit ce qui reste des ruines fumantes du centre. Pas question, là non plus, d'inventaire sérieux des années passées : nous nous contentons de réciter le chapelet de nos valeurs (Europe, équilibres budgétaires, solidarité) comme si cela devait suffire à amener à nous ceux de nos compatriotes qui ne se retrouvent pas dans l'action gouvernementale...
Bref, si cette rentrée s'annonce chargée pour le Gouvernement, elle devrait utilement l'être aussi pour l'opposition, si elle a la volonté d'incarner, le moment venu, une alternative sérieuse et inventive. Espérons que nous saurons ne pas nous contenter de parier sur un échec de Hollande, sans quoi le balancier de l'alternance pourrait bien nous passer devant le nez...