Regard d'Afrique

Publié le par Bernard LUSSET

 13 ans après une première visite, j'ai eu le privilège, durant ce mois de février, de retourner en Afrique de l'Est, à l'extrême sud du Kenya. Cette fois-ci, j'ai eu le grand bonheur de partager cette formidable expérience avec mes enfants. Si j'évoque ici cet évènement familial privé, ce n'est pas pour donner dans le "people local", mais plutôt pour partager avec vous les réflexions qui me sont apparues durant ce voyage.

 

Je l'avoue : j'ai toujours eu un faible pour l'Afrique dont les ethnologues nous disent qu'elle est le véritable berceau de l'humanité. Je n'ai encore jamais eu l'occasion de visiter le coeur de l'Afrique noire si chère à mon collègue Jean-Marie N'Kollo, mais du grand sud marocain au coeur du Kenya, de la brousse du Sénégal aux confins de la Nubie égytienne, j'ai à chaque fois eu un véritable coup de coeur pour ces peuples qui vivent souvent dans le plus grand dénuement, au milieu d'une nature extrême mais qui, face à cette adversité, expriment toujours autant de joie de vivre et d'espoir face au lendemain : j'y ai toujours puisé une formidable foi en l'énergie de l'homme. Cette foi ne s'est pas démentie cette année encore.

 

13 ans après, j'espérais, je l'avoue, trouver au Kenya une société qui aurait, un peu, profité de la croissance mondiale des années 2000 : je suis tombé de haut... Malgré les avancées démocratiques de cet Etat aux 43 langues nationales, le développement du tourisme et la dynamique des activités portuaires de Mombasa, j'ai retrouvé, plus accentuées encore qu'il y a 13 ans, l'extrême pauvreté des bidonvilles, la multiplication des trafics en tous genres partiellement liés à la Somalie toute proche et la quasi-absence de toute forme de service public.

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Seule exception à ce désert public, l'école, sans doute un peu moins publique et un peu plus islamique qu'il y a 13 ans, l'école est présente partout, au fin fond des villages les plus isolés, au détour le plus improbable de pistes sans fin : partout fleurissent les uniformes des écoliers et des collégiens dont les longues cohortes s'étirent matin et soir le long des chemins, loin des zones touristiques.

 

A chacune de ces rencontres, j'ai plongé mon regard dans celui de mes enfants. Eux qui, comme tous ceux de leur génération, ne jurent que par Facebook et les "marques" qu'il est de bon ton de porter sur soi, j'ai aimé voir dans leurs yeux ce choc des cultures. Il en restera, je l'espère, quelque chose : un supplément d'humanité qu'ils ne s'attendaient sans doute pas à découvrir à cette occasion.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans on en parle à Agen

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