Regroupement familial : parler du fond !
Sortir du déni (1)
En 2012, les statistiques ont recensé 191 452 titres de séjour accordés (l'équivalent d'une ville comme Reims...), dont 45 % au titre du regroupement familial. En ces temps de crise, est-il raisonnable d'accueillir encore une telle quantité de migrants ? La réponse est non et les grandes démocraties ont compris ça depuis longtemps. Pas nous, qui refusons même d'établir des statistiques démographiques sur nos origines, ce qui revient à supprimer le thermomètre pour faire baisser la température...
Sur le regroupement familial, visant les avis du Maire pour les demandes agenaises, il m'est arrivé de signer, malgré moi je l'avoue, des demandes "conformes aux textes" (voir les conditions du regroupement familial) mais dont je voyais qu'elles auraient pour conséquence, à défaut d'en être la cause principale, de donner lieu ensuite au versement d'importantes allocations sociales. Refuser d'évoquer cette réalité, au nom de je-ne-sais quel procès d'intention, est absurde. Donc, d'abord, sortir du déni.
Sortir du déni (2)
Mon attachement à l'Afrique me montre que dans les faubourgs de Dakar, Yaoundé, Mombasa ou Alger, on sait que si l'accès à l'Europe est difficile, la gratuité ou quasi-gratuité de nos systèmes de santé, de justice, d'école, de logement, de transports, sont pour les candidats au départ un signal irrépressible au regard de l'extrême dénuement qui les frappe chez eux.
Au point que, même dans des trains d'atterrissage d'avions de ligne, des containers sur des cargos, les barques improbables des passeurs mafieux ou dans des franchissements clandestins des frontières, ils sont chaque année des dizaines, peut-être des centaines de milliers de candidats à l'immigration en Europe, prêts à risquer leur vie pour rejoindre notre monde. Hors statistiques. Oui, l'immigration est évidemment un sujet que la France et les pays européens doivent prendre en mains et cesser de nier : la gauche est ridicule dans son déni qu'elle a réussi à imposer en pensée dominante (*).
Entre générosité et raison
Parlant avec des migrants, je sais la diversité de ces parcours humains souvent poignants. Je pense aussi au Pape François, à Lampedusa, s'interrogeant devant le terrible spectacle de ces immigrés survivants ou morts : "Où sont nos larmes ?" Entre générosité et raison : si j'avais la réponse...
Instinctivement, je pressens que nous devrions faire 3 choses :
- inviter les étrangers présents chez nous à rejoindre pleinement notre communauté nationale. Intégration ou assimilation : je n'ai cure des débats sémantiques. L'essentiel est que les nouveaux arrivants nous rejoignent, et pas seulement dans l'espace, sans quoi cette question empoisonnera de plus en plus notre débat public.
- assumer une politique d'immigration claire (combien ? quels pays ? quels profils ?), révisée annuellement et qui tienne compte à la fois de nos capacités d'accueil, de nos besoins et de la situation internationale.
- soutenir comme nous le faisons, et même un peu plus, le développement en Afrique, en attendant que la croissance qui s'y manifeste, et qui fait progresser le pouvoir d'achat et l'emploi, y réduise l'attrait de l'Europe.
Réponse trop "centriste", trop "molle", à côté des slogans des démagos des deux fronts ? Entre le FN "Tous dehors !" et le FdG "Y'a pas de problème !", ma réponse est peut-être centriste. Mais si on commençait par ça, plutôt que les coups de menton médiatiques de Valls dans sa gué-guerre face à Taubira ?
(*) Cécile Dufot, ministre écolo déclare dans Libération ce 21/8 au sujet du regroupement familial : "La question ne se pose même pas : le droit de vivre en famille ne souffre pas d'exception".
J'ai dit "déni" : je suis encore loin de la réalité...