Temps de cycles
Dans la vie publique, comme dans la vie tout court, nous avons parfois le sentiment d'être soumis à des "cycles", des moments où tout semble nous sourire et d'autres où rien ne semble marcher. Illusion sans doute car, en réalité, le temps s'écoule invariablement et, avec lui, les idées et les projets cheminent, les esprits évoluent : c'est plus surement la conjonction aléatoire de ces évolutions qui fait naître cette idée de cycles.
Pourtant, au moment où notre équipe municipale présente aux Agenais son bilan de mi-mandat (deux opuscules dont je vous recommande la lecture, y compris numérique : voir en fin d'article), j'ai le sentiment qu'un cycle s'achève et qu'un autre s'ouvre.
Changement de cycle ?
Le cycle qui s'achève n'aura pas été de tout repos : il est vrai que, depuis notre élection en 2008, l'ensemble de l'équipe municipale, sous le management actif de notre Maire Jean Dionis, s'est mise au boulot : nos 103 engagements nous ont servi de boussole et la légitimité que nous avons tirée de la confiance des Agenais nous a permis de nous lancer à corps perdu dans ce réveil agenais que nous avions promis.
Certes, il nous est arrivé d'aller parfois un peu vite et un peu fort. Moins souvent, sans doute, que ce que nos adversaires ont bien voulu le laisser entendre ! Mais ça nous est arrivé, bien sûr. Il nous est même arrivé (cf Boulevard Carnot ou l'école de Gaillard) de faire machine arrière.
Mais, à notre décharge, si vous saviez le nombre de fois où, élus engagés dans la mise en oeuvre de notre programme, la réponse qui nous est arrivée de partout était :
"Oui, c'est une bonne idée.
Mais...
Mais les esprits ne sont pas mûrs.
Mais c'est trop tôt.
Mais c'est trop audacieux.
Mais... etc"
Bref, tout changement, toute impulsion coalisent toujours la conjonction des "Mais". Et à trop céder à cette conjonction des conservatismes et des corporatismes... on ne fait plus rien. Nous n'avons pas été élus pour ça.
Ce cyle de début de mandat, qui est un cycle d'impulsion et, donc, d'habitudes bousculées et de concertations difficiles, ce cycle-là est, mécaniquement, en train de s'achever. Certes, notre équipe a encore pour la seconde partie du mandat bien des initiatives dans sa manche (tremblez les "Mais..." !). Cependant, l'essentiel des mouvements qui devaient être lancés l'ont été et arrive un cycle où, les préventions initiales étant tombées, les idées et les projets cheminent, les esprits évoluent.
Je n'en prendrai que 2 exemples, tirés des initiatives parmi les plus discutées de notre début de mandat :
Le Boulevard piéton
A part mon collègue élu (Vert ...!) Alain Bédouret, il n'y a plus grand monde pour contester le bien-fondé de la piétonisation du Boulevard de la République que nous avons inaugurée hier soir. Chacun a désormais bien compris non seulement qu'il y avait là une voie d'avenir pour notre coeur d'agglo, mais, plus encore, qu'Agen en sortant progressivement de l'hyper-suprématie de la voiture en centre-ville changeait enfin de siècle.
Hier soir malgré la pluie, il y avait du bonheur et de la fierté dans les yeux des milliers d'Agenais venus fêter le nouveau Boul'.
Et pourtant, souvenez-vous des débats passionnés "Agen, coeur battant" de l'année 2010, auxquels j'ai consacré ici près d'une dizaine de chroniques. Souvenez-vous de tout ce qu'on a entendu : nous étions les fossoyeurs du commerce de centre-ville, nous ne comprenions rien à cette ville, nous n'étions rien d'autre que des élus, forcément enfermés dans leurs certitudes et leur tour d'ivoire. Vous vous souvenez de tout ça ?
C'était il y a longtemps.
C'était... l'année dernière !
Hier soir, il n'était plus question de tout ça sur le Boul'. Question de cycle sans doute...
L'intercommunalité agenaise
Là aussi, que de discours enflammés ! A vouloir l'unification de l'Agenais, Jean Dionis était, forcément, un incorrigible têtu, prisonnier d'une vision impérialiste pour la satisfaction de laquelle il était prêt à abandonner le leadership de sa propre ville ! Tout cela ne pouvait être promis qu'à l'échec...
Finalement, en trois ans, nous ont d'abord rejoint au sein de la CAA des petites communes rurales ou sub-urbaines qui se trouvent bien chez nous (St Hilaire, Sauvagnas, Bajamont). Nous ont aussi rejoint les communes du Brulhois astaffortais, comme Layrac le fit il y a déjà longtemps.
La présence, jeudi dernier de Gilbert Fongaro à l'AG des conseils municipaux de l'agglo est évidemment un signe positif supplémentaire de l'arrivée prochaine de Pont du Casse.
Quant à Castelculier, j'espère bien qu'entre bon sens et incitation, les esprits permettront de faire prévaloir au plus vite l'intérêt général.
Enfin, les plus récents votes des conseils municipaux de la Communauté de Laplume permettent désormais d'espérer la réunification des deux berges de la Garonne. Les petites manoeuvres politiciennes de ces dernières semaines, initiées du côté de Sérignac, n'auront finalement servi qu'à disqualifier ceux qui s'y sont prêtés.
Là aussi pourtant, les "Mais" n'ont pas manqué. Fallait-il ou non impulser cette dynamique ? Les identités communales allaient-elles être dissoutes ? Quel seraient les impacts financiers et fiscaux ? Je crois que l'histoire, d'ores et déjà, répond à ces questions : oui, il fallait l'audace d'un Jean Dionis pour mettre en route une telle aventure qui nous fait rattraper un peu du retard agenais dans ce domaine.
Son audace, le talent de ceux qui l'entourent et aussi l'adhésion majoritaire d'élus, autour d'Henri Tandonnet, sincèrement désireux de donner le meilleur à leurs habitants.
Là aussi, peut-être, fin de cycle et début d'un autre, infiniment prometteur.
Il en est de l'action publique comme des labours : c'est le premier sillon qui est le plus difficile à tracer, parce que tous les autres dépendront de lui. Cycle ou pas.
Pour jeter un coup d'oeil sur les 3 dernières années d'action municipale :