Tripatouillages
Se joue en ce moment à Agen un de ces feuilletons feutrés qui font la petite histoire locale : Castelculier rejoindra-t-elle l'Agglo d'Agen ou bien la Communauté rurale de Puymirol-Beauville ? Ce qui revient à demander si Castelculier est rurale comme le prétend son Maire, ou urbaine comme le prétend l'Agglo derrière son Président ? Rappelons ici que la loi prévoit que toute commune doit adhérer à une communauté dont le territoire respecte le bassin de vie. C'est le Préfet qui est chargé de mettre en oeuvre la loi, assisté dans sa réflexion par la CDCI (*).
Bassin de vie
On a reconnu dans un passé récent que Sauvagnas, Marmont-Pachas ou Cuq, communes rurales s'il en est, faisaient bien partie du bassin de vie agenais. Bizarrement, on entretient le suspens pour savoir si Castelculier, elle aussi, a destin lié avec l'agglo d'Agen ou pas. Ailleurs ou en d'autres temps, on se tordrait de rire devant une question aussi évidente !
Où les Castelfondais se font-ils soigner ?
Où vont-ils faire leurs courses ?
Où travaillent-ils ?
Où sont scolarisés leurs enfants ?
Où prennent-ils le train ou l'autoroute ?
Où vont-ils au cinéma, au théâtre, etc...?
Où sont les zones d'emplois ?
Tout ça à Beauville sans doute... Et la rocade Beauregard-RD813 qui a désenclavé de manière spectaculaire Castelculier : qui a décoincé ce projet et qui l'a financé ? L'Agglo d'Agen bien sûr, au nom du bassin de vie, pas Puymirol-Beauville !
D'ailleurs, un simple coup d'oeil sur cette carte montre bien la pertinence du projet d'intégrer Castelculier à Agen : dans une agglomération au territoire enfin cohérent, l'enclave constituée par Castelculier et St Pierre de Clairac est, d'évidence, une absurdité. Justement le genre de situation que la loi a voulu empêcher...
Et pourtant, malgré ces évidences confirmées par l'INSEE et la Chambre régionale des Comptes, la majorité PS du Conseil général milite, contre l'esprit de la loi et le bon sens, pour le rattachement de Castelculier à Puymirol-Beauville. Pierre Camani et ses amis ont-ils perdu la raison ? Oh que non. Mais ils ont décidé que les intérêts de leurs amis politiques de Puymirol-Beauville, dont les moyens financiers sont maigres, devaient primer sur les logiques de territoire. Et comme il y a fort à parier qu'entre les principes fixés par la loi et la pression politique mise sur la préfecture, c'est sans doute, hélas, la pression politique qui l'emportera, ce sont donc les Castelfondais qui, par leurs impôts, devront financer dans les années qui viennent les projets de la communauté Puymirol-Beauville. Joli tripatouillage...
Laisser faire ?
L'agglo d'Agen a-t-elle quelque chose à gagner ou à perdre dans cette affaire ? Rien. Absolument rien : avec ses 29 communes, ses compétences, son portefeuille de projets, ses équipes administratives et techniques, l'agglo a désormais atteint son rythme de croisière. Elle poursuivra sa dynamique propre, avec ou sans Castelculier. Pourquoi alors se mobiliser sur cette affaire ? Simplement au nom du bon sens et de la bonne gestion locale. Simplement pour favoriser l'intérêt réel d'un bassin de vie et de ses habitants. Simplement pour dénoncer les tripatouillages entre amis qui demeurent manifestement la "boite à outils" favorite des socialistes, à Saint Jacques comme à Paris. Comme une répétition générale avant le prochain redécoupage des cantons sans doute...
Heureusement, viendra le temps où la pleine lumière sera faite sur ce coup de canif au bon sens et à la bonne gestion des deniers publics. Ce jour-là, plus proche qu'on ne le pense, on se demandera quels responsables ont bien pu cautionner une telle aberration et pourquoi. Et, ce jour-là, bien sûr, on corrigera et on réalisera que derrière les tentatives de l'Agglo d'Agen et de son président Jean Dionis, il n'y avait ni rivalités de personnes ni visées expansionnistes mais juste du bon sens.
Mais on aura perdu du temps, notre sport politique local favori. Et on aura laissé au juge le soin de trancher ce que les politiques auraient dû décider eux-mêmes. Perspective peu reluisante qui justifie pleinement les efforts que le bureau de l'Agglo aura menés pour essayer d'éviter cette sottise.
(*) Commission Départementale de Coopération Intercommunale : instance départementale composée d'élus locaux, saisie pour avis par le Préfet sur le projet de rattachement de Castelculier et St Pierre à une intercommunalité