Union bancaire : un pas de plus

Publié le par Bernard LUSSET

Après les soubresauts qu'a connu l'euro ces derniers mois, les pays de l'Union européenne s'efforcent de mettre en place des règles communes pour nous rendre plus forts demain.

 

C'est compliqué, l'Europe ! 

 

Harmoniser la règlementation de 27 pays n'est pas une mince affaire. Quand je vois la somme de détails qu'il faut régler pour construire la petite agglo agenaise à 29 communes, j'imagine l'étendue du travail qui se fait à 27 pays ! Ce genre de négociation se fait toujours sur deux niveaux : des questions (très) techniques et une lecture politique, parfois compliquée par des questions personnelles. Bref, c'est un long chemin et ce n'est pas pour rien que les discussions sont aussi longues et aussi nombreuses.

 

Il faut ajouter que les annonces médiatiques ne clarifient rien : fin octobre, la France annonçait, à grands renforts de publicité, un accord "historique" (comme toujours !) avec l'Allemagne au sujet de la supervision bancaire qui devait permettre de coordonner 6000 banques européennes. Finalement, l'accord trouvé hier à Bruxelles par les Ministres des Finances ne concerne que les 150 ou 200 plus grosses, ce qui est un bon début. Bref, difficile d'y retrouver ses petits. Difficile de savoir quand une étape importante a été ou non franchie...

 

Les banque de l'Union sous supervision commune

 

Pourtant, l'accord trouvé hier sous l'égide du commissaire français Michel Barnier est une étape importante : la Banque Centrale Européenne sera chargée à compter du 1er mars 2014 de la supervision unifiée des banques en Europe. Cela signifie notamment que les règles prudentielles communes feront l'objet d'un contrôle unique. Cela présage surtout d'une solidarité interbancaire en europe, qui est un gage supplémentaire pour la solidité de l'euro et des économies nationales.

 

N'oublions pas que nous sommes passés tout près d'une explosion du système monétaire et que la situation demeure aujourd'hui fragile, au moins tant que la croissance ne sera pas de retour. Tout ce qui peut être fait pour nous tenir à l'écart des sautes d'humeur des marchés financiers est le bienvenu.

 

Une politique de petit pas qui avance vers la fédération 

 

Au milieu des mille et un chantiers de convergence que l'Union européenne porte, cet accord qui va être officiellement célébré lors du prochain Conseil européen, est un nouveau signal donné sur le chemin à suivre vers une Europe fédérale. Chaque année, cette construction commune rend un peu moins crédibles les discours sur les repliements nationalistes et un peu plus évidente la solution fédérale en Europe.

 

Rappelons ici que la fédération ne signifie pour les états ni perte d'identité ni abandon de toute souveraineté : c'est une mise en commun de certaines compétences, les états fédérés demeurant souverains dans les compétences qu'ils conservent. La fédération n'est pas une idée neuve : c'est pour préserver le pouvoir et l'identité des états que les Etats-Unis ont choisi la fédération. C'est aussi le choix de la fédération qui a été fait dans des nations qui étaient confrontées (Suisse, Belgique) à l'émergence en leur sein de revendications identitaires fortes. La fédération est donc le contraire d'un asservissement, a fortiori lorsqu'elle est le fruit d'un processus politique d'adhésion et de construction commune, comme c'est le cas en Europe.

 

La perfection n'est ni de ce monde... ni de l'Europe

 

Ne croyez pas les oiseaux de mauvais augure qui cherchent à vous faire peur ! D'autant que ceux-là ne disent jamais comment nous ferions si nous en étions restés au Franc et moins encore le prix qu'il nous faudrait payer pour y revenir... Qui peut croire encore à des frontières nationales ? Qui peut penser que la France résisterait mieux aux assauts de la concurrence des pays émergents si elle était seule ? Etc... La fédération en Europe, c'est reconnaître avec lucidité nos faiblesses et le besoin que nous avons d'unir nos atouts avec nos partenaires sur la base de règles élaborées en commun. C'est quand même plutôt mieux que de subir, seuls, la loi du plus fort, non ?

 

Certes, cette fédération nous amène et nous amènera à transiger : nous ne parviendrons pas à imposer notre modèle dans tous les domaines. Je crois d'ailleurs que sur bien des sujets, nous avons beaucoup à gagner à regarder ce qui se fait ailleurs...

Certes, la philosophie politique de l'Union est à ce jour trop libérale à mes yeux et cela aboutit parfois à des situations qui nous semblent absurdes, à nous Français au regard de notre histoire, de notre culture, de nos pratiques. Mais dites-vous que pour un britannique, un allemand ou un portugais, notre organisation franco-française n'est pas sans défauts...

 

A nous de savoir prendre le meilleur, d'accepter que la fédération passe par des étapes, même imparfaites, pourvu que la direction prise soit la bonne. Au milieu de l'euroscepticisme ambiant et entretenu, les centristes doivent saluer, soutenir et expliquer les avancées vers la fédération.

C'est ma (modeste) contribution du jour à cette noble cause... 

 

 

Publié dans on en parle partout

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