Démentir Jacques Ellul ?
Face à la guerre qui est menée contre nous, la France doit opérer un redoutable mouvement : d'une part, mettre à niveau sa législation pour durcir les règles applicables à tous ceux qui s'en prennent à notre modèle démocratique et, d'autre part, ne rien abandonner de nos idéaux démocratiques sauf à conclure que les terroristes auraient atteint leur but.
Rude challenge collectif...
On me pardonnera (j'espère...) de dire ici que cet exercice d'équilibre entre durcissement de la règle et préservation de ce que nous sommes, est un exercice fondamentalement... centriste !
Je m'explique : chacun sent bien au fond de lui que les coups de menton, les déclarations péremptoires ne servent à rien. Nous sommes engagés dans une guerre, longue et douloureuse. Aucune recette "miracle" donc.
Mais, en même temps, pas d'angélisme non plus : nous devons rappeler à tous le respect des règles collectives. Et ce respect s'impose particulièrement aux ressortissants étrangers que nous accueillons. S'ils ne respectent pas nos règles, qu'ils repartent chez eux : le Code de l'entrée et du séjour des étrangers permet de faire ça très bien : il suffit juste d'appliquer les textes existants.
Mais ne nous leurrons pas : une politique sécuritaire ne résoudra rien à elle seule. Quand bien Daesh mettrait un genou à terre, les ferments de leur lutte, eux, demeureraient.
On lira à ce sujet l'intéressant article publié cette semaine dans le Canard Enchaîné qui rappelle la prophétie de Jacques Ellul, brillant sociologue et historien du Droit bordelais, lequel soulignait, il y a près de trente ans, pourquoi la guerre qui nous surprend était absolument prévisible et imparable.
A défaut d'avoir compris Ellul alors, retenons au moins son enseignement : il n'y aura pas de paix tant que demeurera l'insoutenable disparité entre pays occidentaux et pays pauvres.
Je n'ai, ces derniers jours, entendu aucune déclaration dans ce sens. Même si l'heure médiatique est plutôt aux solutions sécuritaires "miracles", n'oublions pas Ellul...