Loin, très loin de Macron
La vraie vie, vue depuis mon cabinet d'assurances, bien loin des déclarations martiales post Loi Macron ; bien loin aussi de ceux qui, à gauche, pensent encore que ce gouvernement multiplie les "cadeaux" aux entreprises...
Une de mes clientes du cabinet annonce cette semaine à ma collaboratrice qu'elle vient résilier ses contrats d'assurance professionnels. Je m'approche et je lui demande les raisons : est-elle mécontente de nous ? Avons-nous commis une faute ? Non.
L'entreprise qu'elle a créée il y a 3 ou 4 ans avec son conjoint connait-elle des difficultés ? Le chiffre d'affaires s'est-il réduit ? Le nombre des clients a-t-il baissé ? Rien de tout cela, au contraire. Alors ?
La réponse, c'est ma cliente qui la donne : "Trop de charges. Nous travaillons comme des fous, l'argent rentre. Mais il faut tellement en redonner que ça ne vaut pas le coup. Tout est trop compliqué. Nous baissons les bras. Nous arrêtons."
Je lui demande alors ce qu'elle va devenir. Et sa réponse, glaçante, tombe : "Je rentre dans le rang. Je vais devenir salariée. J'ai compris que, dans ce pays, on n'aime ni les entreprises ni ceux qui les créent".
Bang !
Voilà un jeune couple :
qui n'a rien demandé à personne,
qui a comblé une niche commerciale,
qui s'est créé ses propres emplois
qui en a créé pour les autres,
bref qui tient debout tout seul,
qui ne coûte rien à la collectivité
mieux, qui apporte sa contribution à la solidarité nationale
qui ignore ce que 35 heures veulent dire
Et qui arrête, parce qu'il mesure que ça ne vaut pas le coup,
même dans une entreprise qui développe son chiffre d'affaires,
même dans une activité où les clients affluent,
même quand on est jeune et qu'on a de l'ambition.
Trop de charges, trop de formalités... Nous sommes devenus fous. Combien d'autres jeunes se sont ainsi lancés, plein de fougue et d'envie ? Et combien ont renoncé ? Au lieu de donner envie, de susciter des vocations, combien de frustrations générées par notre système délirant ?
Macron et sa loi fourre-tout me font bien rigoler. Comme me font rigoler tous ceux qui parlent des "cadeaux" faits aux entreprises. Tous ceux-là ne connaissent rien à la vraie vie, rien au quotidien des petites entreprises et de ceux qui se lancent dans l'aventure, rien à la création de richesse sans laquelle aucune solidarité n'est possible. Ils ne font que parler sans savoir...
Finalement, tous ceux-là ne me font pas rigoler : ils me font hurler.
Et ma jeune cliente aussi.