Tempête dans un verre d’eau ?
L’affaire Benalla sature l’espace médiatique ces jours-ci. L’espace médiatique seulement, comme cherche à nous le faire croire la communication élyséenne ? Sûrement pas.
En profondeur, les Français ont acquis la conviction que l’Elysee a cherché à enterrer puis à minimiser l’affaire. Comment lui en vouloir d’ailleurs, sauf à rappeler les discours enflammés d’Emmanuel Macon sur le « nouveau monde » censé rompre avec les pratiques délétères de l’ancien...
L’affaire Benalla fait émerger en effet un phénomène de cour assez classique, assez « ancien monde » où le seul fait de revendiquer l’étiquette élyséenne ouvrirait toutes les portes. Plus encore, l’affaire met en évidence une gestion extrêmement centralisée autour d’un petit noyau macronien, celui-là même qui, pour reprendre l’expression en vigueur en son sein, avait réussi en 2017 « le casse du siècle ».
Cela suffit-il à en faire une « affaire d’Etat » ? Sans doute pas. Mais la verticalité assumée du chef de l’Etat montre là un enfermement, un aveuglement, une suffisance qui marqueront -quoi qu’en dise le chef de l’Etat- ce mandat, Benalla n’étant qu’un indice de plus dans une trop longue liste d’événements et de déclarations depuis un an.
Si l’élection de Macron a incontestablement marqué une rupture politique voulue par nombre de Français, l’affaire Benalla témoigne d’une maturité politique des citoyens qui ne sont pas prêts à se laisser berner par des éléments de langage pre-fabriqués rue du Faubourg Saint Honoré.
Le President de la République a raté là une occasion de montrer son humilité : dommage car il n’est pas sûr que l’histoire repasse prochainement les plats.
Une fois les motions de censure rejetées, l’Elysee aurait tort de penser l’affaire close : après le « Président des riches » vient s’adjoindre une désagréable image. Celle d’un Président tellement sûr de lui qu’il refuse l’évidence et préfère faire porter le chapeau à la presse plutôt que de reconnaître un dysfonctionnement interne qui, en soi, n’a rien de scandaleux.
Voilà un caillou supplémentaire dans la chaussure de Jupiter. Certes, il se sent capable de surmonter ça comme le reste. Mais pas sûr qu’à la fin, ces accumulations de maladresses soient sans incidence sur la réaction des Français.
Août arrive, certes et avec lui une certaine capacité d’oubli collectif. Mais on peut compter sur le Sénat, ses membres, son Président et son Président de la Commission des Lois pour tirer tous les enseignements de cette affaire.
Merci à eux.