Lendemain de victoire

Publié le par Bernard LUSSET

Agen, 23 mars 2014 : un soir où ça gagne (photo Sud Ouest)

Agen, 23 mars 2014 : un soir où ça gagne (photo Sud Ouest)

En ce lendemain de victoire, j'ai encore un peu de mal à réaliser ce qui s'est passé hier à Agen. Les mots de gratitude que j'ai évoqués hier soir à chaud continuent de m'animer, et sans doute pour longtemps... Mais, passé le temps de la surprise, arrive le temps de la réflexion : que s'est-il passé hier à Agen ? Comment en est-on arrivé à ce résultat ? Plusieurs enseignements me semblent devoir être tirés de cette élection municipale. Pardon d'être un peu long mais il y a beaucoup de choses à dire, me semble-t-il...

Quelques fois ça gagne, quelques fois ça perd...

D'abord, comme nous y a invités Jean Dionis dès dimanche soir : relativiser les victoires comme les échecs. Au milieu des unes et des autres, il y a beaucoup de hasards, de mouvements venus d'ailleurs, de chances ou de malchances. Ce qui fonctionne ici aujourd'hui ne fonctionnera peut-être pas demain ailleurs : les élections, c'est un temps de rencontres entre un candidat, des électeurs et l'instant où se déroule la rencontre.

Cette fois-ci, notre équipe a remporté une victoire aussi belle qu'improbable. Nous avons connu des échecs. Ne pas davantage se griser de l'une que de s'aigrir des autres : les deux comportent des enseignements utiles.

Ainsi va la politique. Qui n'est pas toute la vie.

Contrairement à ce qu'on dit parfois, le travail paie.

En 2008, Jean Dionis a apporté dans la vie municipale deux vraies innovations, toutes deux basées sur le thème du "contrat" :

  1. le contrat avec les électeurs : c'est l'idée qu'avant l'élection, l'équipe se présente avec le projet qu'elle mettra en oeuvre si elle est élue. C'est sur ce projet que s'organise le débat pré-électoral. Et, autre innovation apportée par Jean Dionis : si l'équipe est élue, elle tient parole ! En 2008, cette idée a surtout suscité sourires et sarcasmes dans l'ambiance délétère qui touche à tout ce qui concerne la politique. C'était mal connaître Jean Dionis...
  2. les contrats de quartiers : c'est l'idée de confier chaque année aux 23 quartiers de la ville le même budget pour financer des aménagements de proximité, sous réserve de se mettre chaque année d'accord avec le conseil municipal (pour éviter les éventuels débordements). Là encore, cette nouvelle organisation, lourde à mettre en place et terriblement chronophage, personne n'y croyait, sauf Jean Dionis et Pierre Chollet qui s'y sont attelés. A bien lire les programmes électoraux en Agenais cette année, tout le monde s'y est mis, droite et gauche confondus...

Passé les doutes et les sarcasmes, que se passe-t-il, 6 ans plus tard, quand les électeurs se rendent compte en 2014 que l'équipe a fait pour l'essentiel ce qu'elle avait promis, et quand les conseils de quartiers mesurent tout ce qu'il ont pu réaliser pour la vie quotidienne de leurs habitants ? Alors émerge une réalité nouvelle : en politique aussi, le travail paie, quand le contrat est respecté. 

Pour le dire autrement, notre victoire du 23 mars 2014 a commencé à se contruire... dès mars 2008.

Le PS au plus bas : 4 explications

Election intermédiaire = vent de face. Pour l'avoir nous-mêmes vécu, les majorités en place souffrent lors des scrutins intermédiaires. En 2014, il n'était pas simple de porter les couleurs du PS dans ces municipales. Et ce ne sera sans doute pas plus confortable ni en mai (européennes), ni au printemps 2015 (cantonales et régionales). Ceci dit, il faudra bien se résoudre à ce que les gouvernements en place soient capables, un jour, d'affronter ces rendez-vous : ne suffirait-il pas, pour cela, de faire preuve de plus de courage pendant les campagnes électorales et de plus de volonté, après, dans l'exercice du pouvoir ? François Hollande a manqué des deux et ses candidats peuvent le remercier...

Le prix de la désunion. Je connais mal le fonctionnement interne du PS mais il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le PS agenais s'est perdu dans des querelles d'égo et de chapelles ridicules. Les vieilles rancoeurs tenaces ont fait office de programme : un peu court, quand les habitants réclament de savoir ce que l'équipe fera si elle est élue. Face à ces débats de cours d'écoles, nous avions, nous, fait le choix, depuis l'été 2012, de rassembler la famille et de dépasser les crispations du passé. Je vois deux ou trois villes, entre ces deux tours, qui auraient bien fait de s'inspirer plus tôt de l'exemple agenais...

L'absence de représentativité. Une élection municipale vise à construire un programme avec les habitants d'une ville. Le minimum est qu'ils se retrouvent dans les candidats, qu'ils se sentent représentés dans l'équipe. Or, dans la diversité d'une ville, il n'y a pas que des militants ! Le PS d'Agen, en 2014, l'a tellement oublié que nous avons reçu durant cette campagne des soutiens venus d'habitants qui ne partageaient pas toutes nos options politiques mais qui sentaient que notre équipe était à la fois solide et à l'image de la diversité agenaise. Les municipales, c'est d'abord une affaire de terrain, bien plus que d'états-majors.

Où est le programme ? C'est quand même inédit qu'une liste ose se présenter aux municipales sans programme ! Parce que c'est bien ça qui s'est passé : les idées générales du PS distribuées en début de campagne n'étaient rien d'autre qu'un inventaire à la Prévert de poncifs éculés, 1000 fois récités. Quant au programme, le "vrai", distribué 3 jours avant l'élection (...!), il n'était lui aussi qu'une succession de pétitions de principes, à de rares exceptions près. On ne peut plus faire l'impasse sur le côté opérationnel d'un programme électoral. Il n'y a plus guère que le FN qui peut, encore, se permettre cette grossièreté faite aux citoyens : ça ne durera pas.

Le PS au plus bas : 3 conséquences

L'émergence du FN. Je sais que les socialistes détestent qu'on leur dise ça, et pourtant : à chaque fois que le PS se fait élire, il suscite des espoirs déraisonnables qu'il déçoit ensuite ; il précipite, du même coup, quantité d'électeurs dépités dans les bras du premier marchand de rêve qui passe. Combien d'électeurs de Hollande 2012 dans les 1648 votants de Mme Collet 2014 à Agen ? Des tas...

L'arrivée de l'extrême gauche au Conseil municipal. Je ne connais pas M. Maillos et je ne lui fais donc aucun procès personnel a priori. Mais non seulement je ne partage pas les valeurs dont il est le porteur mais, plus encore, je pense qu'Agen cesse d'être Agen quand notre ville s'ouvre ainsi à des thèses aussi radicales, aux antipodes de ce que nous sommes vraiment. C'est parce que le PS s'effondre sur lui-même que l'extrême gauche émerge.

Vers l'alternance territoriale ? Le PS dirige non seulement la Présidence et le gouvernement, l'Assemblée nationale et le Sénat, mais aussi 21 des 22 régions de France, la plupart des départements et une majorité des villes. On voit bien qu'à partir de ce scrutin municipal 2014, il est n'est plus illusoire de redonner au pays l'équilibre dont il a besoin. En Lot-et-Garonne, cette alternance passe par un changement de majorité au Conseil général dont l'ostracisme et le sectarisme sont aujourd'hui pénalisants pour notre territoire commun.

Conclusion

Un dernier mot pour certains de mes amis, moins heureux que nous dans cette élection : ils sont tristes, parfois amers et c'est compréhensible d'autant que, le plus souvent, ils n'ont pas démérité et que leur engagement était total et désintéressé. Il faudra un peu de temps pour que les plaies à vif s'apaisent. Mais ce temps viendra, surtout s'ils savent tirer tous les enseignements de ce dimanche : c'est à partir de ça que se construiront leurs futures victoires. Je leur demande de ne pas l'oublier...

Regarder les victoires comme les échecs, avec humilité et lucidité, tenir parole, rassembler les meilleures énergies autour des meilleurs projets, s'investir à fond et en équipe sans jamais se perdre tout entier dans la vie publique, et enfin se mettre au service d'une grande ambition pour sa ville. Là sont les principaux enseignements que, quant à moi, je retiens de ce 23 mars 2014.

Publié dans on en parle à Agen

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A
Simplement le job pour lequel on vous avez élus a été fait, et certain nationaux devrait s inspirer de la méthode Agenaise, beaucoup d agenais on adhéré au projet réalisé et même si certain étais septique, l ensemble est plutôt réussie donc continué comme ça, bon courage à tous
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A
Vents porteurs, cap suivi, embarcation performante, capitaine solide et équipage expérimenté ont permis l'exploit ! Aux vieux marins d'initier maintenant les jeunes mousses .... Bon vent à cette nouvelle équipe dans laquelle mon cher Bernard ton rôle et ta mission resteront prépondérants.
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B
Bravo Bernard pour cette analyse mais le PS a voulu jouer sur la critique des actions des 6 dernières années mais si on regarde de plus près la quasi totalité des engagements ont été tenus et cela les Agenais ont vu. Un programme est nécessaire et l'équipe d'agenmême a passé beaucoup de temps a préparer le programme présenté aux Agenais ce que le PS n'a pas fait préférant s' 'attaquer à des engagements tenues pendant 6ans dont c'était les électeurs qui avaient voté pour ce programme. Une élection se gagne en allant vers les gens, en discutant et en écoutant ce qu'a fait Jean il a mis toute son énergie en étant présent sur le terrain. En bref une élection se gagne au plus près du terrain et en tenant ses engagements. Maintenant un repos bien mérité après une campagne bien menée.
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A
Humilité, rassemblement, énergies, partage, programme annoncé, promesses respectées ! c'est tout cela qui a donné hier cette grande victoire dès le premier tour Bernard ! une fois encore BRAVO.
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