Après le G7

Publié le par Bernard LUSSET

Bras croisés, assis, sourire narquois aux lèvres, Trump reçoit les assauts répétés de ses partenaires européens, sous le regard distant des dirigeants japonais. A elle seule, cette image du G7 qui a fait le tour du monde en dit long.

Bras croisés, assis, sourire narquois aux lèvres, Trump reçoit les assauts répétés de ses partenaires européens, sous le regard distant des dirigeants japonais. A elle seule, cette image du G7 qui a fait le tour du monde en dit long.

Au lendemain du G7, il serait tentant de se faire plaisir en affublant Trump des qualificatifs les plus saignants. Mais ça ne servirait à rien : il est le Président démocratiquement élu d’un Etat qui est non seulement notre allié historique mais aussi de la plus grande puissance économique et militaire. Il faut donc faire avec. On ne peut d'ailleurs pas en vouloir à Emmanuel Macron d’avoir tenté de lier avec ce dirigeant une relation personnelle. Même si, après coup, on constate que c’était inutile, ça méritait sans doute d’être tenté.

En revanche, les décisions américaines doivent être mesurées avec lucidité : le reniement de l’accord de Paris sur le climat, le retrait financier de l’OTAN, l’érection de barrières douanières à-tout-va, les mesures de rétorsion contre les entreprises qui continueraient à œuvrer en Iran, tout cela dessine un nouvel horizon international dont on devrait tirer, me semble-t-il, deux enseignements.

Le premier, c’est que cette situation marque sans doute le début de la fin inexorable des nationalismes dans les pays les moins puissants. Certes, je vois bien les poussées populistes qui s’expriment partout, notamment en Europe, dans un mouvement exactement inverse. Mais je suis convaincu que les opinions publiques ne mettront pas longtemps à comprendre que si les Européens ne parviennent pas ensemble à se faire respecter par Trump, aucun des pays membres de l’Union ne peut espérer faire mieux seul. L'unique issue pour des puissances moyennes comme la France est bien de s’unir pour résister, plutôt que de se replier sur un nationalisme illusoire. Il faudra certes du temps pour que cette lucidité triomphe mais je suis personnellement certain de l’issue.

Encore faudrait-il que l'Union européenne soit à la hauteur des attentes et des enjeux car dans l’état d’inquiétude et d’exaspération des opinions publiques, il ne sert à rien de « sauter comme un cabri en criant Europe, Europe, Europe ! » comme disait de Gaulle. Il faut bien constater que la construction européenne souffre d’un terrible déficit politique : nos mécanismes institutionnels sont trop lourds, nos process démocratiques trop incompréhensibles, nos projets politiques trop illisibles, notre présence internationale trop velléitaire pour seulement espérer susciter l’adhésion des Européens. D'ailleurs, les outrances de Trump au G7 ne doivent pas masquer que l’impuissance européenne y est surtout née du manque d’unité des acteurs européens entre eux.

Dans un monde où tout bouge si vite, où la réactivité est devenue une vertu première, l’idée d’une refondation institutionnelle de l’Union européenne et de ses traités n’a aucune chance d’aboutir dans des délais raisonnables. C’est pourquoi la France et l’Allemagne doivent vite retrouver leur unité de vue et d’action pour relancer la dynamique européenne. Les élections au parlement européen de l’année prochaine devront être l’occasion d’afficher cette ambition commune nouvelle : car seuls les peuples d’Europe peuvent donner à ce scénario la légitimité politique sans laquelle il ne pèserait pas.

Si nous ratons ce rendez-vous stratégique, nous pourrons toujours continuer à nous illusionner en brocardant Trump…

Après le G7

Publié dans on en parle partout

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