FN : l'erreur de Fillon

Publié le par Bernard LUSSET

 

Je me méfie comme de la peste de ces emballements médiatiques sur un mot, une phrase, répétés, transformés et interprêtés à l'envi, qui finissent par des procès publics souvent marqués par une formidable hypocrisie. J'ai un temps pensé que les récents propos de François Fillon relèvaient de cet emballement collectif. Je suis donc allé les relire. Je les ai trouvés au final assez confus, puisque si Fillon rejette tout accord avec le parti FN, il n'exclut pas, en revanche, de voter pour un de ses candidats...! En s'exprimant ainsi, Fillon expose à juste titre une vérité cachée mais commet par ailleurs une énorme erreur de fond qui appelle nécessairement correction.  

 

La vérité cachée : l'hypocrisie du PS face au FN

 

On sait ça depuis Mitterrand qui était devenu un expert : le PS est le principal allié tactique du FN. C'est lorsque le PS est au pouvoir, quand les socialistes font exploser les prélèvements obligatoires, quand la gauche s'enferme dans le déni des réalités sur la famille, la violence, la solidarité, l'immigration, etc... que le FN progresse. Toujours. Ajoutez à ça un zeste d'habileté électorale et vous aurez compris que le FN est en effet le meilleur putshing ball électoral du PS... et le meilleur piège que la gauche peut tendre à la droite.

 
Cette réalité prend d'ailleurs une tournure particulièrement forte -ce n'est pas un hasard- à quelques mois des élections municipales où il suffit d'obtenir 10 % des suffrages exprimés au premier tour pour pouvoir se maintenir au second. Autant dire que partout où il y aura une liste FN au premier tour, elle pourra se maintenir au second, imposant une triangulaire FN / PS / UMP-UDI au second tour : à qui profite le crime, sinon au PS ?


Fillon a donc raison, de mon point de vue, de fustiger les indignations hémiplégiques du PS et raison encore lorsqu'il se tourne vers les électeurs du FN pour les inviter à le rejoindre plutôt qu'à se perdre dans un vote protestataire sans issue qui ne sert paradoxalement que le PS et la gauche.


L´erreur de Fillon : banaliser le FN


En refusant par avance de se prononcer sur des scénarios de second tour PS-FN, François Fillon accrédite l'idée d'un possible vote pour un candidat FN. C'est une thèse deux fois inacceptable.


Inacceptable d'abord parce qu'il existe une divergence philosophique de fond entre le FN et nous, au-delà de toutes les autres : l'extrême droite, même "Marinisée", passe son temps à cliver, à diviser les Français, à les monter les uns contre les autres, à leur faire croire qu'il suffirait d'affaiblir "l'autre" pour régler tous les problèmes : "l'autre", c'est pêle-mêle, l'Europe, les riches, les étrangers, les musulmans, les jeunes, les fonctionnaires, les patrons du CAC 40, les syndicats, les associations : tout dépend à qui le FN s'adresse. Nous, nous voulons au contraire faire vivre les gens ensemble, parce que c'est le seul chemin, même quand il est rude.

Cette différence, qui autorise toutes les facilités de langage du FN, tous ses mensonges, toutes ses veuleries, est une différence telle qu'elle constitue, aux yeux des centristes de l'UDI, un gouffre infranchissable. Fillon a tort de vouloir jeter des passerelles au-dessus de ce gouffre comme il le fait, en ne refusant pas a priori un vote pour un candidat FN face au PS.


Inacceptable au plan des idées, cette thèse est aussi stupide au plan électoral : le FN n'a d'espace politique que dans l'affaiblissement de la droite. Lui tendre la main reviendrait à vouloir câliner un rottweiler enragé ! Vous verrez aux prochaines municipales à qui vont s'en prendre les candidats FN... Vous verrez aux européennes, immédiatement derrière, s'il y a des convergences électorales possibles avec le FN...

 

Vive l'UDI !

 

Je prends Fillon pour quelqu'un de sérieux, même si certains de ses combats passés m'ont heurté, notamment sur la construction européenne. Le voir ainsi fricoter avec le FN constitue pour moi une vraie surprise et une vraie déception. J'ai l'impression que je ne suis pas le seul...


Mais, au moins, cette affaire donne-t-elle à l'UDI, qui vient de tenir son congrès fondateur à Poitiers, un espace politique insoupçonné : à un an des européennes -où nous avons, nous au moins, une doctrine claire, celle de l'Europe fédérale-, et à 6 mois des municipales, je suis plus convaincu que jamais que le centre droit ainsi rassemblé est appelé à faire valoir ses candidats et ses convictions partout, dans un dialogue où les Français, plus déboussolés que jamais, trouveront une réponse politique fraternelle et efficace.

 
C'est pourquoi j'invite chacun à saisir l'invitation lancée par Jean-Louis Borloo. Le temps est à l'engagement des citoyens : venez nous rejoindre en adhérant à l'UDI : http://www.parti-udi.fr/jadhere-en-1-clic.html

Publié dans on en parle partout

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A
Très bonne analyse Bernard, sans hargne sans reproches véhéments tu sais faire passer le message !
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