Rentrée 2011 : le moral des Français en berne
En ces jours de rentrée, se succèdent (voir un article) les sondages et études d'opinion sur l'état d'esprit des Français ; tous concluent sur notre moral "dans les chaussettes". Des cadres (qui anticipent une perte de pouvoir d'achat voir redoutent pour leur emploi) jusqu'aux salariés les plus modestes (pour les mêmes raisons).
Il faut dire qu'entre la crise de la dette publique, les annonces de plans de rigueur, les incertitudes qui précèdent toujours les grands rendez-vous électoraux, la rentrée et son cortège de hausse des prix, les 8 millions de Français qui vivent en-dessous du seuil officiel de pauvreté, il n'y a guère de raisons qui poussent à l'euphorie...
Et pourtant, à bien y regarder, la situation de la France devrait nous inciter, non à un optimisme béat certes, mais du moins à un regard un peu lucide.
Nous avons notre mot à dire sur les choix à venir
Nous allons devoir, dans les prochaines années, consentir des sacrifices d'autant plus importants qu'ils toucheront au confort de notre mode de vie : quel que soit le chef d'Etat élu en 2012, il aura devant lui une feuille de route forcément rigoureuse, qui nous contraindra à abandonner un peu de notre Etat-providence. Le plan actuellement au débat au Parlement n'est qu'une ébauche de ce qui nous attend.
Parmi les candidats probables, il y aura ceux qui auront l'honnêteté de l'annoncer avant et ceux qui préfèreront vendre, encore une fois, un peu de rêve. Il y aura même, mais je les classe "hors catégorie", ceux qui, à droite comme à gauche, prétendront qu'il faut sortir de la zone euro, ou mettre un terme à l'économie de marché, ou encore s'engager sur la voie de la décroissance "douce", etc... Malheur aux citoyens crédules !
Toute la vraie question est évidemment de savoir comment sera réparti l'effort des années à venir. C'est une des raisons pour lesquelles je plaide en faveur d'une candidature centriste à la présidentielle, qui est à mes yeux le meilleur gage d'un bon équilibre entre rigueur de gestion et souci d'équité.
Nous avons donc, en citoyens, notre mot à dire et notre vote à exprimer sur cette question au printemps prochain : le temps n'est donc pas à la morosité mais à la réflexion citoyenne et au débat, puis à la mobilisation autour de notre choix personnel à l'élection présidentielle et à l'élection législative.
La France a plutôt bien traversé les épreuves récentes
Je l'ai déjà écrit ici : nous venons de vivre des temps particulièrement tempêtueux et notre pays ne s'en sort pas si mal. La confiance des marchés financiers (certes, ils sont versatiles) nous est toujours acquise, le rayonnement à l'étranger de notre pays sort plutôt grandi de nos initiatives (comme en Libye), l'euro reste un atout précieux, même si son taux de change handicape nos exportations.
Bref, la France n'est ni l'Irlande, ni la Grèce, ni même l'Italie ou l'Espagne : je ne crois pas au hasard dans ce domaine et, à mes yeux, la crise que nous traversons a largement contribué à remettre les choix politiques, et ceux qui les prennent, au centre du jeu.
Au-delà de la rigueur, quel projet collectif ?
Le débat du printemps 2012 ne pourra pourtant pas se résumer à ces seules questions économiques. Je suis même convaincu que, faute de solution miracle, ces questions seront sans doute occultées par des questions dites "de société" sur lesquelles nous avons à construire des réponses :
On parle de l'école, chantier prioritaire. Mais, au-delà des mots, on le voit bien, la réponse ne pourra pas être une augmentation massive des moyens : alors, qu'est-ce qu'on fait ?
On reste sur notre modèle unique qui aboutit, finalement, à laisser de côté les plus brillants (qui s'en sortiront toujours) et les moins brillants (à qui on réservera des filières dites "courtes") pour se concentrer sur le niveau moyen ? C'est ça notre projet de formation pour demain ?
Des pans entiers de notre économie sont ou vont être frappés par un manque cruel de professionnels formés disponibles (métiers médicaux, aide à la personne, techniciens en tous genres, etc...).
Et le chômage augmente ? On marche sur la tête !
Et que dire des lendemains du Grenelle de l'Environnement, un peu en berne depuis le débat de J.-L. Borloo, et où il faudra reprendre le chantier ?
Et notre modèle républicain, qui date pour l'essentiel, de la IIIème République ?
Etc, etc...
Au final, les questions économiques, financières et budgétaires vont sûrement mobiliser les esprits et les débats dans les mois qui viennent. Et ces enjeux sont en effet majeurs.
Mais ne nous y trompons pas : l'essentiel n'est pas là.
Le débat politique devra s'ouvrir aux autres questions : j'espère que la famille centriste y contribuera.