Le travail continue
"On lèche, on lâche, on lynche". Ainsi va la popularité des gouvernants selon la formule imagée d'Alain Juppé, bien placé pour évaluer les variations de popularité. Après avoir largement vanté la novation dont Emmanuel Macron se voulait le porteur, médias et commentateurs de tous poils n'ont pas de mots assez durs pour présenter les mauvais sondages de cette rentrée : "Record d'impopularité", "le Président touche le fond", "Macron plus bas que Hollande à la même époque", "Eté meurtrier".
Pouvait-il en être autrement ? Même grisé par son imprévisible succès de l'année dernière, Macron pouvait-il sérieusement penser que la vague de sympathie spontanée se poursuivrait ? Sans doute pas, mais il n'avait sûrement pas anticipé un tel glissement d'image.
Durant ces 18 premiers mois, l'exécutif a incontestablement exprimé trop de certitudes, de suffisance voire de mépris pour que le retour de bâton ne soit pas un peu brutal. C'est vrai de l'exécutif à l'instar de l'insupportable car trop urbaine VMA à 80 km/h. C'est vrai aussi plus largement des élus de la LREM qui en ont tellement fait sur le "nouveau" monde qui devait rompre avec les hommes et les pratiques antérieurs puisque leurs prédécesseurs étaient, forcément, indignes ou incompétents. Or, les jours passant, on a vu ce qu'il en était. Ainsi la nomination de Rugy à la place d'Hulot pour mieux récompenser Ferrand : pas très neuf, neuf, tout ça... Et ce n'est donc encore pas cette fois-ci qu'une femme montera au Perchoir de l'Assemblée nationale.
Retour dans le réel donc. Et ça tombe bien parce que c'est là qu'il faut travailler, loin des éléments de langage ânonnés. La tâche ne manque pas. Je suis convaincu de la détermination de l'exécutif à poursuivre sur la voie engagée. Les lyncheurs du jour lècheront sans doute de nouveau demain, pourvu que le vent tourne. Toute la difficulté du gouvernement des hommes consiste justement à dépasser ces aléas dérisoires du quotidien sans pour autant devenir sourd aux attentes profondes du pays : difficile équilibre, comme vient de le souligner avec justesse Gérard Colomb.
Ceci dit, même avec un Macron au plus bas dans les sondages, face à lui à droite comme à gauche, c'est le grand désert ! Ou, pour le dire autrement, l'alternative à Macron n'existe pas ou du moins pas encore et les Français, qu'ils s'en réjouissent ou le regrettent, le savent bien. La fenêtre de tir est donc grande ouverte pour permettre au gouvernement de poursuivre son œuvre réformatrice, pourvu que Jupiter et ses amis redescendent de leur Olympe.
Le travail continue.