Après la crise, le temps des solutions
Je viens d'écouter l'intervention d'Edouard Philippe. On peut la trouver tardive. D'aucuns la trouveront insuffisante. A chacun d'en juger. Mais ce qui n'est pas contestable, c'est à la fois le changement de ton et le changement du fond.
Changement de ton
On sait ce qu'il advient du "droit dans ses bottes". Ca n'a jamais duré longtemps et c'est plus vrai encore dans le monde dans lequel nous vivons désormais. Le gouvernement eût été bien inspiré de mesurer plus tôt le mouvement de fond qu'Edouard Philippe décrit si bien aujourd'hui. Qu'importe : on ne peut pas reprocher à ce gouvernement d'avoir été sourd et, lorsqu'il prend conscience des réalités, refuser de lui en donner acte.
Changement de fond
Comme trop souvent, les plus exaltés sur les réseaux sociaux démarrent au quart de tour, sans prendre la peine d'écouter. Car c'est à une véritable inflexion qu'appelle le chef du gouvernement. Je ne parle seulement ici du moratoire sur les taxes nouvelles qui devaient intervenir début janvier.
Je parle du grand débat auquel le premier Ministre invite les Français autour des impôts et de la dépense publique. C'est la première fois que le sujet est aussi clairement posé sur la table : ça, c'est une véritable révolution. Le Président de la République et le premier Ministre font ouvertement le choix d'un débat vaste, associant tous ceux qui voudront bien y apporter leur pierre, replaçant -enfin- les corps intermédiaires à leur juste place.
Certains verront dans cette annonce une manœuvre dilatoire : je suis persuadé qu'il ont tort. Car, si on veut bien y réfléchir, cette question était au cœur des propositions du candidat Macron et, pour ma part, je ne doute pas de sa détermination à aller dans ce sens.
Pas de chaise vide
Il reste une inconnue : celle de la participation des Gilets Jaunes à ce vaste débat auquel tous sont appelés. Et là, plus de slogans tous faits, plus d'échappatoire du style "On veut la VIème République" : ceux qui protestent auront-ils le courage de s'impliquer dans un dialogue qui ne les engage à rien d'autre que, peut-être, apporter une réponse aux revendications qu'ils expriment ? Il y a un temps pour l'expression des colères et des attentes. Et il y a un temps pour construire les solutions sans démagogie.
Responsabilité
Comme après un tremblement de terre, notre pays va sans doute connaitre dans les prochains jours quelques "répliques". Mais on a aussi compris dans le discours d'Edouard Philippe que si l'Etat ouvrait la porte aux négociations, il la fermait au déferlement de violence : chacun est désormais en face de ses responsabilités.
On ne mettra pas longtemps à discerner ceux qui aspirent sincèrement à un mieux être dans le pays de ceux qui espèrent -à tort- tirer profit du désordre.