Petite chronique de la présidentielle (2)

Publié le par Bernard LUSSET

Fin de l'insoutenable suspens. Le 4 décembre, les adhérents Les Républicains auront choisi leur candidat. A l'aune des parrainages déposés, Michel Barnier tiendrait la corde, mais rien n'est joué, chaque candidat faisant activement (ré)adhérer ses ouailles en vue du vote. Ca tombe bien : le parti avait vu ses effectifs passer de 230.000 à la fin de l'ère Sarkozy à moins de 60.000 l'année dernière. Ils devraient être 100 ou 120000 à voter au Congrès cette année, cotisation payée : rien de tel qu'une primaire pour galvaniser les troupes et renflouer les caisses.

Hidalgo à tout va. Elle a beau promettre de doubler le salaire des enseignants ou prôner les 32 heures de travail hebdomadaires, la campagne d'Anne Hidalgo ne "prend" manifestement pas. Voilà que la Maire de Paris promet aussi de supprimer les Agences Régionales de Santé ; les fonctionnaires de cette administration ne s'en émeuvent guère, vues les chances infimes de victoire de la candidate PS. Ceci dit, proposer de supprimer les ARS, pourquoi pas mais à condition de dire par quoi on va les remplacer, pour quelle politique sanitaire et avec quels moyens financiers. Et ça, Anne Hidalgo ne le dit pas.

Zéro sondage. Heureux lecteurs de Ouest France : le plus grand journal régional a décidé de ne plus publier de sondage avant la présidentielle. "Les élections, explique son rédacteur en chef François-Xavier Lefranc, se font de plus en plus sans les électeurs. Avec les sondages, on a l'impression que les Français s'expriment et ils ne s'expriment pas du tout". Du coup, on va peut-être parler des programmes des candidats dans Ouest France ?

A qui se fier ? "La contribution des immigrés sous la forme d'impôts et de cotisations est supérieure aux dépenses que les pays consacrent à leur protection sociale, leur santé et leur éducation", écrit l'OCDE dans un rapport récent. Un professeur d'économie de l'université Paris-Nanterre précise : "Individuellement, les immigrés sont plus au chômage, perçoivent plus d'allocations, c'est vrai. Mais ce résultat individuel est compensé par une structure d'âge, avec des immigrés qui sont souvent dans la population active et qui donc cotisent beaucoup". Flute ! S'ils ne peuvent plus dire que les immigrés coûtent de l'argent au pays, comment les Zemmour et consorts vont-ils justifier leur xénophobie obsessionnelle ?

Des Verts plus "entrepreneuriaux". Jean-Louis Etienne, le célèbre médecin-explorateur dit attendre des Verts et de la gauche en général qu'ils adoptent une image plus entrepreneuriale : "Je trouve que nos Verts français ne sont pas assez réalistes comme peuvent l'être les Verts allemands (...). On a besoin de réindustrialiser la France sinon avec quoi va-t-on tirer les ressources pour la transition énergétique ?" Voilà une excellente question.

Avec le chéquier de l'Etat ? Ceux-là même qui qualifient son quinquennat d"inutile" accusent Emmanuel Macron de multiplier les annonces à 6 mois de l'élection. Ils oublient qu'un candidat sortant, quand il se représente, bénéficie certes d'un avantage concurrentiel incontestable -dans toute élection- mais qu'à la différence de ses challengers, un sortant est aussi responsable de tout, ce qui fait converger vers lui toutes les critiques. Mais ça, ses challengers ne le disent jamais. Match nul, balle au centre.

Grêve des parrainages. Exaspérés par les divisions picrocholines de leurs formations politiques et les querelles d'ego de leurs dirigeants, ils sont une cinquantaine d'élus de gauche à avoir signé le "serment de Romainville" dans lequel ils s'engagent à ne parrainer aucun candidat à la présidentielle de 2022 tant que la gauche restera divisée. Ces élus peuvent ranger leur stylo : dans ces conditions, ils ne sont pas près de parrainer qui que ce soit.

Nombre de candidats au 1er tour de la présidentielle

Y en aura pas pour tout le monde. Après les 12 candidats de 1974 (voir ci-contre), le nombre de parrainages requis à la présidentielle est passé de 100 à 500. Ces "présentations" d'élus (c'est le terme officiel) sont toutes rendues publiques depuis 2016, alors qu'auparavant, un tirage au sort désignait les 500 qui étaient publiées. Or, la majorité des quelques 42 000 "parrains" potentiels n'ont pas d'engagement partisan connu et répugnent à se manifester ainsi. Résultat : ils n'étaient que 36 % en 2012 à accorder leur parrainage et seulement 34 % en 2017 ; pas sûr que la chasse assidue aux signatures qui a commencé inverse la tendance.

L'important, c'est de participer. France Info tient à jour la liste des candidats publiquement déclarés. On y retrouve des habitués : Nathalie Arthaud, Philippe Poutou, François Asselineau, Nicolas Dupont-Aignan ou l'inoxydable Antoine Waechter. D'autres se lancent comme l’inénarrable Gérard Filoche ou 5 ex-Gilets Jaunes : Anasse Kazib, Jacline Mouraud, Philippe Furlan, Fabrice Grimal et Gilles Lazzarini. Ajoutez deux ou trois anciens militaires, quelques recalés de leur parti d'origine, l'inclassable Jean Lassalle ou le benjamin Martin Rocca (21 ans) et bien sûr les "grands" candidats et vous voilà 40 volontaires sur la ligne de départ. Point commun des candidats cités : aucun n'a la moindre chance de figurer au second tour et pas même au premier pour beaucoup d'entre eux, faute d'obtenir les 500 signatures requises. Mais comme disait Pierre de Coubertin...

Publié dans Présidentielle 2022

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